Notre-Dame : le Gouvernement lance une grande opération de formation d’apprentis

Edouard-Philippe © Malick MBOW
Edouard-Philippe © Malick MBOW

Florent Lacas, le 18/04/2019 

 

Les ministres de la Culture, du Travail et de l’Education nationale veulent lancer un grand mouvement de formations aux métiers de la rénovation du patrimoine, après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame. © FL pour Batiactu

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PATRIMOINE. Les pouvoirs publics souhaitent profiter du chantier de reconstruction de Notre-Dame pour lancer un grand mouvement de formations d’apprentis à la rénovation de patrimoine. Les acteurs du secteur sont partie prenante de cette opération baptisée « Chantiers de France » par le président de la République. Détails.

Faire du chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame le « navire amiral » de la formation dans les métiers du patrimoine et du bâtiment. C’est la raison d’être de l’opération « Chantiers de France », lancée le 17 avril au soir par Emmanuel Macron, et qui se concrétise par une première réunion au ministère du Travail, le 18, avec les organisations professionnelles du secteur (FFB, Capeb, chambres de métiers et de l’artisanat…). Une dynamique que les pouvoirs publics espèrent lancer pour rénover, au-delà de l’édifice parisien, l’ensemble des bâtiments patrimoniaux français.

 

Impliquer des milliers de jeunes

 

« Nous souhaitons impliquer des milliers de jeunes dans toute la France, couvreurs, charpentiers, maçons, tailleurs de pierre, vitraillistes, facteurs d’orgue, peintres décorateurs… Ces métiers qui sont enseignés dans les CFA, les lycées professionnels, les écoles des métiers d’art », a expliqué Muriel Pénicaud, en amont de la réunion de lancement. « Nous disposons déjà de professionnels de qualités dans notre pays, mais il nous manque par exemple des couvreurs et des charpentiers pour assurer l’ensemble des chantiers que nous avons à mener sur tout le territoire », a-t-elle ajouté.

 

« Changer d’échelle » sur l’apprentissage

 

Pour « changer d’échelle » sur l’apprentissage, cette réunion avec les organisations professionnelles avait notamment pour objet de lister l’ensemble des moyens de formations existant pour ces métiers en France, dans le but d’engendrer une mobilisation d’ampleur nationale. « Nous voulons fédérer toutes les énergies autour de ce chantier qui va susciter beaucoup d’euphorie, d’adhésion », a précisé pour sa part Franck Riester, ministre de la Culture, également présent.

 

Faire de la reconstruction de Notre-Dame un chantier-école

 

En sortie de réunion, les professionnels se sont montrés satisfaits. « Nous allons profiter de ce malheur pour amener des jeunes vers nos métiers », a réagi à chaud Patrick Liébus, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). « Nous devons faire de ce chantier un chantier-école, montrer aux jeunes nos métiers. » L’artisan-couvreur pointe toutefois deux risques. Tout d’abord, ne pas se précipiter – référence aux « cinq ans » de travaux visés par Emmanuel Macron. « Faire les choses trop rapidement nous ferait prendre le risque de perdre l’âme de Notre-Dame. » Autre point d’alerte : « Les appels d’offre seront européens, il fallait faire attention à choisir des entreprises et des salariés hautement qualifiés ; et il faudra aussi se soucier de faire travailler des entreprises françaises sur ce chantier : c’est notre patrimoine, arrêtons d’aller chercher ailleurs des compétences que nous avons en France ! Et surtout de faisons pas appel à du travail détaché. »

 

 

Le président de la Capeb invite en tout cas l’État à « redonner des moyens à la formation et l’apprentissage », et « effectuer un gros travail de communication sur l’orientation des jeunes »« Dans le bâtiment, on commence apprenti et on finit compagnon très hautement qualifié ou chef d’entreprise », rappelle Patrick Liébus.

 

« Si on lance un appel d’offres de manière classique cela va coincer »

 

En ce qui concerne la reconstruction de Notre-Dame de Paris, les professionnels suivent également les procédures juridiques qui seront employées au vu du caractère d’urgence. « Un établissement public va être mis en place », nous informe Frédéric Létoffé, président du Groupement des entreprises de restauration de monuments historiques (GMH). « Si on lance un appel d’offres de manière classique cela va coincer : ne serait-ce que pour l’obtention du permis de construire (six mois au moins), les délais de procédure, les discussions sur le choix de la restauration… »

 

Le professionnel se dit par ailleurs non favorable à l’utilisation de matériaux modernes, et à l’ouverture d’un concours d’architecture sur la flèche, visant apparemment à gagner du temps. « Quand on classe un monument, c’est bien pour le transmettre tel quel aux générations futures, sinon cela n’a plus de sens », précise Frédéric Létoffé. Pour le dirigeant, la cathédrale peut être reconstruite intacte sans difficultés particulières. « Nous avons le savoir-faire en France, nous pouvons lancer dès l’automne prochain la coupe du bois nécessaire pour la charpente. Nous avons les techniques pour réaliser cela avec des matériaux traditionnels, avec des outils numériques entrant en conception et réalisation. Nos entreprises mettront leurs moyens, notamment humains, en commun. »

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