«Tech for Good» : Emmanuel Macron cajole les stars du numérique

Macron-Emmanue 2 © Malick MBOW
Macron-Emmanue 2 © Malick MBOW
«Tech for Good» : Emmanuel Macron cajole les stars du numérique

Le sommet a réuni les grands PDG des nouvelles technologies autour du président français. L’occasion pour eux de se montrer sous leur meilleur jour, à une période où leurs entreprises sont particulièrement critiquées.

Emmanuel Macron aime le numérique et les grands événements. Qui mieux que lui, donc, pour organiser «Tech for Good »? Ce sommet, le premier du genre, a réuni mercredi à Paris une soixantaine de dirigeants de l’industrie des nouvelles technologies autour du président français. Il avait un air de famille avec le «Choose France», déjà organisé en janvier, ou le «One Planet Summit», en décembre. Comme pour les deux sommets précédents, la liste des PDG présents est prestigieuse: Mark Zuckerberg (Facebook), Satya Nadella (Microsoft), Dara Khosrowshahi (Uber) ou encore Virginia Rometty (IBM). Tous sont venus à l’occasion du salon VivaTechnology, qui se tient à Paris du 24 au 26 mai. «Nous sommes à un moment charnière pour l’industrie des nouvelles technologies, explique-t-on à l’Élysée. Nous voulions offrir un espace de discussion à ces acteurs qui n’ont pas souvent l’occasion de converser ensemble.»

Sous leur meilleur jour

Pas question, néanmoins, de parler des choses qui fâchent. «Tech for Good» a été l’occasion pour les géants des nouvelles technologies de se montrer sous leur meilleur jour, à une période où ils sont particulièrement critiqués. Après un déjeuner, trois ateliers principaux étaient organisés, consacrés à l’éducation, au travail et à la diversité. Plusieurs entreprises invitées en ont profité pour faire des annonces d’investissement en France. En revanche, le programme n’avait rien prévu sur les sujets brûlants du moment comme la modération des contenus violents, l’optimisation fiscale ou même le respect de la vie privée en ligne. L’occasion était pourtant toute trouvée, à deux jours de l’application officielle du RGPD, le règlement européen de protection des données personnelles. Ce texte va particulièrement concerner les entreprises américaines du numérique, qui vont devoir mieux protéger les informations de leurs utilisateurs, sous peine de lourdes amendes.

L’Europe sur les sujets qui fâchent

Le contraste est flagrant avec l’Europe, qui est souvent synonyme de contraintes et de sanctions pour les entreprises américaines. Mardi, Mark Zuckerberg se trouvait d’ailleurs à Bruxelles, où il a été interrogé par les eurodéputés sur l’affaire Cambridge Analytica. Cette dernière a jeté une lumière crue et peu flatteuse sur les pratiques du premier réseau social du monde. Le scandale a-t-il été évoqué à «Tech for Good», au moins en coulisses? Emmanuel Macron s’est bien entretenu avec Mark Zuckerberg, mais loin des caméras. Il a aussi rencontré en privé trois autres patrons, ceux d’Uber, d’IBM et de Microsoft. L’Élysée promettait des «discussions franches». Néanmoins, «Tech for Good» ressemble surtout à un pont d’or dressé par la France vers la Silicon Valley. Pendant que les sujets qui fâchent restent à Bruxelles, Paris poursuit son opération de séduction des grands dirigeants avec sa vision résolument positive du numérique. «Il y a un “moment Macron” dans l’industrie américaine des nouvelles technologies», affirme carrément l’Élysée. Le premier ministre Edouard Philippe, en conclusion des travaux, a même osé cette métaphore: «Nous faisons pivoter la France.»

Emmanuel Macron, qui voulait faire de la France une «start-up nation», n’a toutefois pas laissé beaucoup de place à ses propres ouailles: une seule start-up française était initialement au programme de «Tech for Good». Les PDG de grands groupes comme BNP Paribas, Thales, la RATP, la SNCF, TF1, La Poste ou Orange se sont taillé la part du lion. Tous sont, par ailleurs, sponsors du salon VivaTechnology, organisé par Publicis. Même si l’Élysée affirme son indépendance, les deux événements sont visiblement liés. Face aux protestations, une dizaine de noms de PDG d’entreprises françaises innovantes a donc été ajoutée à la dernière minute. C’est le cas de l’hébergeur OVH, du moteur de recherche Qwant et du spécialiste du covoiturage BlaBlaCar.

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