Réforme des institutions : les francs-maçons à la manœuvre

Christophe-André Frassa© Malick MBOW
Christophe-André Frassa© Malick MBOW

 

Jannick Alimi|09 mars 2018

La «fraternité parlementaire» se mobilise sur ce projet cher au chef de l’Etat et contre lequelle bataille le président du Sénat, Gérard Larcher.

Débat d’idées ou guerre de la communication ? En tout cas, la réforme des institutions, qui sera au menu du Conseil des ministres d’ici à la fin du mois, va s’enrichir d’un nouvel acteur : la franc-maçonnerie. Depuis quelques semaines, les francs-maçons du Parlement, quelque 200 à 250 députés et sénateurs, surtout des sénateurs, des collaborateurs parlementaires ou des hauts fonctionnaires, ont décidé de se saisir du sujet.

« Sans arrière-pensée politicienne, de façon transpartisane et toutes obédiences confondues », assure Christophe-André Frassa, le nouveau président de la « Fraternelle parlementaire », élu en octobre dernier. Une exception, toutefois, tous ceux défendant des idées racistes ou antisémites y sont interdits. Après la Nouvelle-Calédonie, le patron la « Frapar », comme la dénomment ses membres, a donc choisi cette question sensible et centrale dans la stratégie d’Emmanuel Macron pour remobiliser un cercle de pensée et d’influence assoupi depuis plusieurs années.

LIRE AUSSI >Les chantiers de Macron : la réforme des institutions

Ce sénateur de 50 ans, élu en 2008 pour représenter les Français de l’étranger, émarge au parti des Républicains, tendance Sarkozy et maintenant Wauquiez. C’est dire que le texte concocté par le gouvernement, il le surveille comme le lait sur le feu. Groupe de travail ad hoc, dîner-débat le 10 avril prochain, avec pour invités quelques ténors du droit constitutionnel…

« Réformer pour réformer, nous n’y sommes pas favorables »

Et, au bout de cette réflexion, des propositions que chaque groupe politique présentera au moment de la discussion parlementaire. « Notre engagement correspond à un moment crucial, où le parlement bashing est permanent et où l’on n’hésite pas à remettre en cause notre légitimité », explique le Christophe-André Frassa. « La réforme des institutions doit être synonyme de la défense de la République, de la séparation effective des pouvoirs, des libertés publiques et des droits parlementaires, des principes pour lesquels les francs-maçons ont payé de leur vie », insiste-il.

Y aura-t-il des « lignes rouges », chères au président Larcher ? « Non, mais les francs-maçons ne veulent pas laisser l’exécutif décider à la place du législatif quant à l’avenir des institutions », martèle le sénateur Frassa. Que pense-t-il, alors, de la diminution du nombre des parlementaires préconisée par Emmanuel Macron ? « Le faire sans renforcer les pouvoirs du Parlement est une aberration », avertit le sénateur.

Et de la réduction du nombre de circonscriptions ? « Avec des circonscriptions qui seraient mécaniquement plus vastes, attention de bien garantir la représentation des territoires », assène-t-il, comme en écho au président du Sénat qui a fait de cet argument son cheval de bataille. « S’il s’agit de réformer pour réformer, nous n’y sommes pas favorables. Ce qui compte c’est l’application d’une telle réforme », prévient encore le patron de la « Fraternelle parlementaire ». Dans quelques mois, les francs-maçons du Parlement se pencheront aussi avec la même vigilance sur les lois de bioéthique.

 

Jannick Alimi|09 mars 2018, 6h29|

La «fraternité parlementaire» se mobilise sur ce projet cher au chef de l’Etat et contre lequelle bataille le président du Sénat, Gérard Larcher.

Débat d’idées ou guerre de la communication ? En tout cas, la réforme des institutions, qui sera au menu du Conseil des ministres d’ici à la fin du mois, va s’enrichir d’un nouvel acteur : la franc-maçonnerie. Depuis quelques semaines, les francs-maçons du Parlement, quelque 200 à 250 députés et sénateurs, surtout des sénateurs, des collaborateurs parlementaires ou des hauts fonctionnaires, ont décidé de se saisir du sujet.

« Sans arrière-pensée politicienne, de façon transpartisane et toutes obédiences confondues », assure Christophe-André Frassa, le nouveau président de la « Fraternelle parlementaire », élu en octobre dernier. Une exception, toutefois, tous ceux défendant des idées racistes ou antisémites y sont interdits. Après la Nouvelle-Calédonie, le patron la « Frapar », comme la dénomment ses membres, a donc choisi cette question sensible et centrale dans la stratégie d’Emmanuel Macron pour remobiliser un cercle de pensée et d’influence assoupi depuis plusieurs années.

LIRE AUSSI >Les chantiers de Macron : la réforme des institutions

Ce sénateur de 50 ans, élu en 2008 pour représenter les Français de l’étranger, émarge au parti des Républicains, tendance Sarkozy et maintenant Wauquiez. C’est dire que le texte concocté par le gouvernement, il le surveille comme le lait sur le feu. Groupe de travail ad hoc, dîner-débat le 10 avril prochain, avec pour invités quelques ténors du droit constitutionnel…

« Réformer pour réformer, nous n’y sommes pas favorables »

Et, au bout de cette réflexion, des propositions que chaque groupe politique présentera au moment de la discussion parlementaire. « Notre engagement correspond à un moment crucial, où le parlement bashing est permanent et où l’on n’hésite pas à remettre en cause notre légitimité », explique le Christophe-André Frassa. « La réforme des institutions doit être synonyme de la défense de la République, de la séparation effective des pouvoirs, des libertés publiques et des droits parlementaires, des principes pour lesquels les francs-maçons ont payé de leur vie », insiste-il.

Y aura-t-il des « lignes rouges », chères au président Larcher ? « Non, mais les francs-maçons ne veulent pas laisser l’exécutif décider à la place du législatif quant à l’avenir des institutions », martèle le sénateur Frassa. Que pense-t-il, alors, de la diminution du nombre des parlementaires préconisée par Emmanuel Macron ? « Le faire sans renforcer les pouvoirs du Parlement est une aberration », avertit le sénateur.

Et de la réduction du nombre de circonscriptions ? « Avec des circonscriptions qui seraient mécaniquement plus vastes, attention de bien garantir la représentation des territoires », assène-t-il, comme en écho au président du Sénat qui a fait de cet argument son cheval de bataille. « S’il s’agit de réformer pour réformer, nous n’y sommes pas favorables. Ce qui compte c’est l’application d’une telle réforme », prévient encore le patron de la « Fraternelle parlementaire ». Dans quelques mois, les francs-maçons du Parlement se pencheront aussi avec la même vigilance sur les lois de bioéthique.

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