A partir de 2018, les actifs immobiliers saisis pourraient plomber le bilan des banques dans l’UMOA

 

 

Anonymous - © Malick MBOW
Anonymous – © Malick MBOW

Yaoundé – Cotonou – Genève | 10 March 2018

 

–   lundi, 08 janvier 2018

(PCI Expertises) – Les immeubles acquis par les banques de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) à titre de réalisation de garanties sur des clients défaillants, risquent bientôt de peser assez lourdement sur leur bilan.

En effet, depuis l’entame de ce mois de janvier 2018, un nouveau dispositif prudentiel relatif à la réglementation des immobilisations hors exploitation, et à la limitation du total des immobilisations et des participations par rapport aux fonds propres, est applicable aux établissements de crédit et aux compagnies financières de l’UMOA.

Selon ce texte, les établissements de crédit et compagnies financières de l’UMOA ont désormais un délai maximum de deux ans pour « disposer » des immeubles saisis dans le cadre de la réalisation des garanties immobilières sur les clients défaillants. Passé ce délai, ceux-ci devront être entièrement « financés sur les ressources propres » de l’établissement.

A cette disposition s’ajoute celle relative au respect de la limite à un maximum de 15 % de ses fonds propres de base pour le montant global des immobilisations hors exploitation dont l’établissement peut être propriétaire.

Cette situation assez inédite dans la zone UMOA risque d’avoir des conséquences sérieuses sur le bilan des banques, eu égard à la valeur assez importante de leur portefeuille d’actifs immobiliers saisis.

Interrogé sur la question par l’Agence Ecofin, Louis Albert De Neef, Directeur général de PCI Expertises, un cabinet d’expertise immobilière spécialisé dans la gestion des immeubles saisis des banques et établissements financiers de la zone UMOA, a tenu à tirer la sonnette d’alarme. « On retrouve pratiquement les mêmes volumes d’actifs immobiliers saisis en termes de valeur dans les banques de l’UMOA. C’est un portefeuille qui tourne, selon nos estimations, autour de 5 à 7 milliards FCFA (9 à 12,5 millions $) par banque » fait remarquer Louis Albert De Neef. « En général, l’équipe dirigeante n’en sait pas grand-chose, sauf quand arrive la fin de l’année pour que cela ressorte dans le bilan de la banque. Et c’est là qu’on remarque qu’il y a un problème parce que ça n’est pas de la liquidité. Ça grève en fait le bénéfice de la banque » s’alarme-t-il.

Une situation qui pourraient donc engendrer des conséquences importantes pour les banques de l’UMOA si celles-ci devaient être amenées à provisionner un tel montant d’actifs immobiliers.

Une dérogation tout de même…

Le nouveau dispositif prudentiel en question prévoit toutefois une dérogation en ce qui concerne les immeubles acquis à titre de réalisation de garanties. Celle-ci étant accordé au cas par cas par la Commission bancaire de l’UMOA.

« L’idée de la commission bancaire est de dire qu’on peut demander des dérogations au cas par cas pour ne pas que la banque finance d’elle-même. Mais pour demander cette dérogation, il faut prouver que le portefeuille n’est pas en déshérence » explique Louis Albert De Neef.

« Et pour prouver que le portefeuille n’est pas en déshérence, il faut démontrer à la commission bancaire que la banque ou l’établissement financier en question en tire quelque chose. Qu’il y ait une stratégie de cession qui est mis en place, qu’il y a des loyers qui sont récupérés, etc. En tout cas, qu’il y a une certaine mise en valeur », précise-t-il.

Pourtant encore, à ce niveau, la gestion efficiente de leur portefeuille d’actifs immobiliers constitue un des talons d’Achille des banques et établissements financiers de la zone UMOA.

Une déficience que tient à relever d’ailleurs le DG de PCI Expertises. « Vous savez, la gestion du portefeuille d’actifs immobiliers saisis n’est pas une activité à laquelle les banques accordent un grand intérêt. Car elles sont plus portées vers le côté compétitif de leur activité, à savoir les opérations de crédit. En sorte que vous avez actuellement près de 75% de ces actifs immobiliers saisis qui sont en déshérence. Celles-ci ne s’en occupent pas » révèle-t-il.

Un état de fait qui occasionne pourtant un véritable manque à gagner pour ces établissements. Ceci, dans la mesure où une gestion efficiente de ce portefeuille leur serait profitable. « Il faut prendre en charge la gestion de ces actifs immobiliers saisis car c’est une source de profit. Faisant partie, bien entendu, du portefeuille immobilier hors exploitation de la banque, l’objectif est de le gérer en attendant la cession. Et à ce niveau, les banques étant peu outillées, il est nécessaire d’en confier la gestion à des professionnels » conseille Louis Albert De Neef.

Informations : dg@pci-expertises.com

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