POLEMIQUE SUR L’AVIS DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL : Serigne Diop démonte Ismaïla Madior Fall et confirme les 45 professeurs de droit

Pr Serigne DIOP - © Malick MBOW
Pr Serigne DIOP – © Malick MBOW

13 mars 2016

La sortie des 45 professeurs de droit sur la question de l’avis du Conseil Constitutionnel, qui lie ou non le président de la république est fortement saluée par le professeur Serigne Diop. Pour lui, cela démontre qu’à l’université, seuls les professeurs sont maîtres, et qu’ils se doivent de prendre leurs responsabilités quand il le faut, pour remettre un ou des collègue (s) sur la bonne voie. SERIGNE DIOP  a profité de l’émission Le Grand Jury de la Rfm pour démonter ISMAILA MADIOR FALL, le ramener à ses cours et donner un cours de droit de haute facture. 

 

« 45 enseignants, des collègues émérites, qui ont formé des générations de juristes dans ce pays, ont posé un acte. C’est un acte historique. C’est la première fois que 45 enseignants corrigent un collègue. C’est quand même impressionnant. Je suis absolument en phase avec eux. Je voudrais d’ailleurs solennellement leur exprimer mon respect et toute ma considération », a déclaré d’emblée l’un des plus éminents professeurs de droit Constitutionnel, au Grand Jury de la RFM.

Et l’ancien médiateur de la République de poursuivre de plus belle : « L’acte qu’ils sont posé est un acte historique. Pourquoi? C’est un acte historique, parce qu’il n’y a d’autorité à l’université que les universitaires eux-mêmes. Les universitaires sont les autorités scientifiques de l’université. Que 45 d’entre eux décident de rectifier un d’entre eux, c’est quand même fondamental. Mais mieux, ils ont rappelé, dans le manifeste, et pour moi cela est plus fondamental, qu’il appartient à la communauté des universitaires de veiller à l’intégrité scientifique de l’université. Cela c’est l’aspect le plus important de ce que l’on appelle les franchises universitaires ».

 

« Ismaïla Madior Fall et Mounirou Sy se sont trompés »

 

En effet, sur la question de l’avis ou de décision du Conseil Constitutionnel, le professeur agrégé de droit constitutionnel pense que ses anciens étudiants qui sont aujourd’hui seuls contre tous les constitutionnalistes, se sont trompés sur toute la ligne. « Je crois que mon collègue ISMAILA MADIOR FALL, tout comme MOUNIROU SY, tous les deux je les apprécie très bien, puisqu’ils ont été tous les deux mes étudiants dans le cours de première année de droit constitutionnel sur cette question, avis ou décision, ils se sont trompés. Peu-être ce n’est pas facile de dire à un adulte qu’il s’est trompé, mais en vérité, ils se sont trompés », a martelé Serigne Diop.

L’ancien ministre de la Justice de préciser que ce débat, sur l’avis ou décision, s’il n’est pas évacué, peut impacter négativement sur la formation des étudiants. « Si nous continuons d’en parler, c’est parce que cette erreur peut être lourde de conséquences. Parce que nous avons des milliers d’étudiants en première année de droit, et qui font du droit constitutionnel. Il n’est pas impossible qu’à l’examen, l’article 51 leur soit donné pour commentaire. Et si nous sommes encore là en train d’expliquer, c’est parce que nous avons une préoccupation majeure : nos étudiants. Car un étudiant de première année ne peut pas et n’a pas le droit de confondre l’avis prévu à l’article 51, à la décision du Conseil Constitutionnel de l’article 92 de la Constitution », explique-t-il.

 

« A l’université, les cadets suivent les maîtres, et notre maître à nous tous, c’est SEYDOU MADANI SY »

 

Déplorant que son ancien étudiant de première année ISMAILA MADIOR FALLl, dans une réponse à sa sortie sur la question, a semblé minimiser ses autres collègues universitaires, du fait de leur rang, SERIGNE DIOP lui rappelle les règles de fonctionnement de l’université.

« Quand on cherche un expert en matière constitutionnelle, normalement, on va étudier en tenant compte d’un certain nombre de critères. A la faculté de droit, ce n’est pas moi qui fais aujourd’hui le cours de droit constitutionnel. Ce sont d’autres collègues qui le font. Et ce sont plusieurs collègues qui font les travaux dirigés de droit constitutionnel. On ne va pas dire quand même que ceux-là ne comprennent pas le droit constitutionnel », souligne-t-il, avant de regretter que « malheureusement l’université fonctionne de moins en moins avec la règle des franchises ». Des règles qui voudraient qu’il y ait des autorités scientifiques et que « les cadets suivent les maîtres ».

Et pour lui, il est clair que leur maître, à eux tous les  constitutionnalistes sénégalais, « c’est le professeur SEYDOU MADANI SY.  Or, ce dernier a tranché le débat. Et sa position est conforme à celle des 45 universitaires. « Sur cette question, au plan universitaire et au plus scientifique, il n’y a plus aucun problème possible. Il y a deux jours, notre professeur de droit à nous tous dans ce pays, le Professeur SEYDOU MADANI SY, a souligné dans une conférence, je le cite: il y a certains qui disent qu’entre avis et décision, ce n’est pas important. Pour un juriste, c’est très important. (…). Un avis on en fait ce que l’on veut, une décision, elle s’impose », rappelle SERIGNE DIOP.

Soulignant que dans ce ce cas d’espèce, le professeur SY est bien d’accord, comme eux tous qu’il s’agit d’un avis, le juriste pense que ISMAILA MADIOR FALL et « ceux qui parlent de respect de la Constitution devraient commencer par le faire eux-mêmes, car c’est la Constitution elle -même en son article 51 (celui utilisé par le chef de l’Etat) qui parle d’avis (et non de décision) ».

Mbaye THIANDOUM (Jotay.net)

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