Le ton monte chez Facebook, avec une révolte interne sans précédent

Mark Zuckerberg  © Malick MBOW
Mark Zuckerberg © Malick MBOW

  

Lundi, un mouvement a conduit les employés à se mettre en grève et revendiquer publiquement leur désaccord.

Longtemps critiqué par l’opinion publique, Facebook vient connaître un fort mouvement d’opposition interne lundi 1er juin 2020, à la suite des propos de Mark Zuckerberg jugés en accord avec le président Trump. Pour l’une des premières fois, les employés du réseau social ont organisé un mouvement de grève virtuel, dont plusieurs salariés haut placés dans la hiérarchie ont exprimé leur participation sur Twitter.

La contestation s’est intensifiée au courant du weekend pour en aboutir à la situation actuelle, sans précédent pour l’entreprise. À la suite des propos tenus par leur patron, réagissant au choix de Twitter à réguler des tweets de Trump (dont l’un est au sujet des manifestations suite à la mort de Gorge Floyd à Minneapolis), une grande partie des employés de Facebook ont exprimé leur désaccord, en organisant plusieurs mouvements de contestation.

Débrayage et signes de désaccord

Le jour de congé pris par des dizaines d’employés ce lundi connaîtra une deuxième période. En plus de cette journée, le mouvement de contestation les a conduits à demander une seconde date de débrayage pour qu’ils puissent rejoindre les différents rassemblements contre le racisme et les injustices sociales aux États-Unis. Un signe fort, que la direction de Facebook a semblé craindre. Selon la journaliste et investigatrice à NBC News Olivia Solon, l’équipe de sécurité du réseau social aurait demandé aux employés de ne pas porter de vêtements estampillés Facebook lors des manifestations, pour éviter toute « attention non désirée ».

Olivia Solon

@oliviasolon

FB’s security team is warning employees not to wear Facebook-branded clothing at protests to avoid « unwanted attention »

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En plus de ces deux jours de congés, les employés en désaccord ont fait signe de leur mouvement de grève en configurant une réponse automatique à leur messagerie, indiquant qu’ils étaient absents de leur bureau. Sur leur plateforme interne, certains ont choisi de remplacer leur photo de profil par le logo de Twitter, montrant ainsi leur penchant d’opinion pour le réseau social de Jack Dorsey, pour qui le mouvement #BlackLivesMatter est affiché jusque dans la biographie officielle de Twitter, sur son propre réseau social.

« Mark a tort »

Certains employés se sont plus fait remarquer que d’autres, alors qu’il s’agit de personnalités bien connues chez Facebook. Katie Zhu, chef de produit chez Instagram (qui appartient au groupe Facebook), a partagé une capture d’écran sur Twitter, montrant son formulaire de demande de congé, avec pour raison l’hashtag « BlackLivesMatter ». Du côté du directeur du design du fil d’actualité de Facebook, Ryan Freitas, le message est adressé de façon directe à son supérieur : « Mark a tort, et je vais m’efforcer de le faire changer d’avis en faisant beaucoup de bruit ».

#BLACKLIVESMATTER 🖤

@ktzhu

i’m taking PTO from @instagram by @facebook today for . i’m deeply disappointed & ashamed in how the company is showing up the world rn. fb fam – if u feel similarly, join me & let’s organize. put your ~$~zuck bucks~$ where ur tweets are. support Black-led orgs!!

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La position de Mark Zuckerberg ne prétend pas aller dans le sens des propos de Donald Trump, mais le patron de Facebook continue de prôner le respect de la liberté d’expression sur sa plateforme. Dans une interview avec Fox News (le média conservateur préféré du président américain), Zuckerberg se disait avoir « une politique différente », avant d’ajouter avoir « la conviction que Facebook ne devrait pas être l’arbitre de la vérité de ce que les gens disent sur Internet ». Par la suite, le patron avait publié avec plus de précision : « Je sais que beaucoup de gens nous en veulent de ne pas avoir modéré les publications du président, mais nous pensons que nous devons permettre toute expression tant qu’elle n’implique pas de risque imminent ».

Ces déclarations prisent sans recul sur les autres faits et gestes de Zuckerberg à l’encontre de Donald Trump mènent avant tout au débat sur la totale liberté ou non disponible sur les réseaux sociaux. Une question que le concepteur du dispositif de chat vidéo de Facebook Andrew Crow a décidé de s’y restreindre pour donner son avis. Dans un tweet, l’homme écrivait que « censurer les informations qui pourraient aider les gens à voir l’image complète n’est pas bon. Mais donner une plateforme pour inciter à la violence et propager la désinformation est inacceptable, peu importe qui vous êtes ou si la personne est digne d’intérêt. Je ne suis pas d’accord avec la position de Mark et je travaillerai pour que le changement se produise ».

Andrew

@AndrewCrow

Censoring information that might help people see the complete picture *is* wrong. But giving a platform to incite violence and spread disinformation is unacceptable, regardless who you are or if it’s newsworthy. I disagree with Mark’s position and will work to make change happen.

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