Des « gilets jaunes » à Piotr Pavlenski, en passant par l’intelligentsia parisienne… La galaxie éclectique de Juan Branco

Franceinfo revient sur les nombreux cercles dans lesquels évolue l’avocat et auteur du best-seller « Crépuscule », qui ne cache pas son engagement au sein de la gauche radicale.

L\'avocat et essayiste Juan Branco dans son bureau à Paris, le 14 février 2020.
L’avocat et essayiste Juan Branco dans son bureau à Paris, le 14 février 2020. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Cela fait un peu plus de cinq minutes que nous échangeons avec Juan Branco par téléphone, mercredi 19 février, quand la sonnerie de sa porte retentit. « Je dois vous laisser, c’est Piotr », lâche-t-il en raccrochant aussitôt. Il rappellera quelques heures plus tard, visiblement ragaillardi par son entrevue avec l’activiste russe Piotr Pavlenski, mis en examen la veille avec sa compagne, Alexandra de Taddeo, pour avoir divulgué des vidéos intimes attribuées à Benjamin Griveaux. « Je suis en train de voir avec l’avocat que je lui ai recommandé [Yassine Bouzrou] comment on s’organise pour la suite », explique l’essayiste trentenaire qui s’occupait jusqu’ici de sa défense.

Le performeur anti-Poutine est une planète de plus à graviter autour de Juan Branco. Car outre ses récents coups médiatiques, l’avocat sur diplômé se distingue par sa capacité à naviguer dans une galaxie où se croisent « gilets jaunes », universitaires et Julien Assange…

Piotr Pavlenski, l’activiste russe

L\'activiste russe Piotr Pavlenski, le 14 février 2020, à Paris.
L’activiste russe Piotr Pavlenski, le 14 février 2020, à Paris. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Juan Branco ne fait pas dans la demi-mesure. Quand il n’aime pas, il exècre, comme il le montre dans son pamphlet Crépusculevendu à 250 000 exemplaires, dans lequel il tire à boulets rouges sur « l’oligarchie » en place et le supposé rôle de celle-ci dans l’élection d’Emmanuel Macron.Quand il aime, en revanche, il adule. Et Piotr Pavlenski fait partie de ceux à qui il voue une admiration inconditionnelle. « C’est un des mecs qui a révélé de la plus puissante façon possible la violence du régime poutinien. Il a compris que la meilleure manière de résister est d’en remettre une couche sur soi-même : il est impressionnant », lâche-t-il à franceinfo. Les deux hommes, aperçus sur plusieurs photos prises lors de soirées avant le début de l’affaire Griveaux, sont amis. Leur rencontre date de décembre 2019, lorsque Piotr Pavlenski a invité Juan Branco à une conférence qu’il donne sur l’art politique, dans les locaux de Panthéon-Assas, raconte Le Monde. 

Grand admirateur des performances trash du Russe depuis déjà plusieurs années, Juan Branco soutient sans réserves la divulgation des vidéos intimes de Benjamin Griveaux. « J’accompagne et j’épouse son action de façon à détourner le feu, de façon à devenir, en effet, moi aussi, un objet de la polémique », a-t-il affirmé sur BFMTV, lundi 17 février. Mais si Olivier Cousi, le bâtonnier de Paris et garant de la déontologie, n’a pas trouvé de conflit d’intérêts avéré entre les deux hommes, il a toutefois conclu à « une absence de distance manifestée par monsieur Juan Branco entre sa mission d’avocat et l’action reprochée à son client, ainsi que son absence de prudence lors de déclarations dans les médias ». Avocat, ami : la frontière est poreuse pour Juan Branco.

C’est beaucoup plus intéressant pour moi de m’engager pleinement plutôt que de défendre du bout des lèvres.Juan Branco, avocat et auteurà franceinfo

« Je ne défends que des gens en qui j’ai confiance, en qui je crois. Il faut s’engager auprès de son client dans une défense active : les grands avocats ont été capables de prendre des risques forts pour protéger leurs clients », revendique-t-il à franceinfo.

« Fly Rider » et les « gilets jaunes »

Maxime Nicolle, alias \"Fly Rider\", le 1er mai 2019 à Paris, lors d\'une journée de mobilisation des \"gilets jaunes\".
Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », le 1er mai 2019 à Paris, lors d’une journée de mobilisation des « gilets jaunes ». (ALAIN JOCARD / AFP)

Impossible donc pour Juan Branco de s’engager dans une cause qu’il n’épouse pas entièrement. Celui qui a soutenu très tôt les « gilets jaunes », dès novembre 2018, est ainsi naturellement devenu l’un d’entre eux. « Pour moi, il est un ‘gilet jaune’ à part entière », assure Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », figure controversée du mouvement.Les deux hommes ont commencé à discuter via Messenger, en janvier 2019. Juan Branco assurait alors gratuitement la défense de plusieurs manifestants. « C’est vraiment une personne qui m’intéressait : ses propos étaient plutôt fins et, tout d’un coup, les médias l’ont accusé d’être complotiste, s’agace aujourd’hui Juan Branco en parlant de Maxime Nicolle. Il y avait la présomption qu’il racontait n’importe quoi partout où il allait », s’agace aujourd’hui Juan Branco. Maxime Nicolle a notamment été très critiqué pour avoir remis en cause la responsabilité terroriste de l’attentat de Strasbourg, le soir même du drame, le 11 décembre 2018 (« Dites-vous bien que le mec qui veut faire un attentat vraiment, il attend pas qu’il y ait trois personnes dans une rue le soir à 20 heures », avait-il déclaré). Ou pour avoir organisé, fin novembre 2018, une conférence de presse lunaire avec « monsieur X » qui, selon le « gilet jaune », possédait des fichiers capables de déclencher « une guerre mondiale en même pas une heure ». 

Rapidement, l’auteur de Crépuscule propose à Maxime Nicolle de devenir son avocat. Il est notamment intervenu lorsque « Fly Rider » s’est retrouvé en garde à vue, en juillet 2019. « J’ai beaucoup pris le feu pour lui, comme je l’ai fait pour Piotr », se targue Juan Branco. Le « gilet jaune » originaire des Côtes-d’Armor continue de beaucoup se fier à la parole de son avocat : « Je lui ai souvent posé des questions sur les limites de ce que je peux faire légalement, on s’appelle souvent. Et quand je viens sur Paris, on se voit. C’est un bon ami », assure Maxime Nicolle à franceinfo.

Il est plus intelligent que moi : j’ai beaucoup appris de lui, que ce soit sur la société française, ce qu’il pense des institutions actuelles, son expérience de vie dans l’armée…Juan Brancoà franceinfo

Comme à son habitude, Juan Branco ne fait pas que soutenir le mouvement : il y participe aussi activement. A plusieurs reprises, il a manifesté aux côtés des « gilets jaunes ». Il était même présent le 5 janvier 2019, quand un chariot élévateur a été utilisé pour forcer les portes du ministère des Relations avec le Parlement où se trouvait Benjamin Griveaux, alors porte-parole du gouvernement. « Ce qui a plu aux ‘gilets jaunes’, c’est de le voir dans les manifs. C’est quelqu’un qui vous défend, à quatre pattes par terre, à chercher à respirer après les coups de matraque… Il n’y va pas juste pour faire semblant. Je ne verrais pas un patron de syndicats comme Philippe Martinez en faire autant », loue Maxime Nicolle.

Au-delà de l’admiration mutuelle et de la complicité intellectuelle, tous deux semblent à la recherche des lumières médiatiques… et s’entraident pour y parvenir. Juan Branco a rédigé la préface du livre de Maxime Nicolle, Fly Rider, gilet jaune, paru chez le même éditeur (Au diable vauvert) que Crépuscule et écrit avec Mariel Primois-Bizot. Elle est également l’auteure de Signé Branco, un essai en forme de décryptage du pamphlet de Juan Branco. Pour celle qui connaît bien les deux hommes, Juan Branco a rejoint avec « sincérité ce mouvement », tout en y trouvant une forme d’intérêt. « Il a vu que les ‘gilets jaunes’ n’avaient pratiquement pas de moyens de s’exprimer médiatiquement. Il s’est posé en porte-parole de leur cause », décrypte-t-elle à franceinfo.

Julian Assange et les « gens qui font l’histoire »

Julian Assange après son arrestation à Londres (Royaume-Uni), le 11 avril 2019.
Julian Assange après son arrestation à Londres (Royaume-Uni), le 11 avril 2019. (ROB PINNEY / LNP / REX / SHUTTERSTOCK / SIPA)

Avant Piotr Pavlenski et les « gilets jaunes », Juan Branco s’est passionné pour les causes d’autres activistes, comme le lanceur d’alerte américain Edward Snowden. Pendant un temps, il a tenté d’intégrer l’équipe qui participait à la défense de celui qui avait dénoncé la surveillance massive des communications mondiales par les services secrets américains.Mais il finit par s’investir auprès de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks. Leur rencontre a lieu en 2015, vraisemblablement par l’entremise « d’une proche » de Julian Assange, avance un fin connaisseur du lanceur d’alerte. Jusqu’à son arrestation en avril 2019 et son placement en isolement dans la prison de Belmarsh, à Londres, Juan Branco lui rend régulièrement visite à l’ambassade d’Equateur, où Julian Assange s’est réfugié en 2012. L’essayiste français parle de lui comme d’un « proche ami » à qui il a même offert un chat pour combler la solitude de son confinement à l’ambassade. « C’est un personnage complètement unique dans l’histoire. Je pense qu’il restera pour très longtemps comme une référence, en bien ou en mal, de par son action technologique et politique », a loué l’essayiste sur France Culture.

Pour autant, son rôle auprès du lanceur d’alerte est assez opaque. « Il était conseiller juridique d’Assange dans une équipe qui en compte entre 50 et 120 depuis les années 2010. Il aurait rédigé des notes sur la situation du droit en France, explique une source proche du cybermilitant. Branco n’était pas très apprécié par les autres membres de l’équipe juridique parce qu’il se réclamait être l’avocat d’Assange avec un grand ‘A’ en France. » Juan Branco entretient une certaine ambiguïté à ce sujet. Il prend soin de ne jamais se présenter lui-même comme l’avocat de Julian Assange. Mais il ne conteste jamais cette appellation, comme lors de cette interview vidéo réalisée par Le Média, postée le 15 avril 2019 sur YouTube.

Il participe aussi à deux excursions en bus entre Paris et Londres pour soutenir l’Australien. « Juan Branco nous a permis de démarrer le groupe et d’être crédible », raconte à franceinfo Corinne Lange, organisatrice des bus de soutien au fondateur de WikiLeaks et coadministratrice du groupe Facebook Assange, l’Ultime Combat. Elle est par ailleurs « gilet jaune », comme « 95% des membres » du groupe Facebook, assure-t-elle.

Au-delà du cas emblématique de Julian Assange, Juan Branco se passionne pour les dissidents internationaux. Il a rassemblé, en novembre, à Lisbonne (Portugal), « les plus importantes figures de la dissidence », selon ses termes. Parmi ces personnalités figurent l’ancien président équatorien Rafael Correa, l’avocat Salah Dabouz, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, le Chinois Chen Guangcheng, Omar Barghouti, cofondateur de la campagne BDS pour le boycott d’Israël ou encore l’informaticien américain Richard Stallman, pionnier du logiciel libre.

Ces « héros qui ont pris des risques chacun dans leurs pays »« j’avais l’opportunité de les réunir et je voulais les rencontrer à titre personnel », confie-t-il à franceinfo. Et de conclure : « Ce n’est pas tous les jours que l’on peut s’entretenir avec des gens qui font l’histoire. »  Se considère-t-il lui aussi comme un dissident ? « Me considérer comme dissident serait présomptueux de ma part », répond-il.

Le Média et les cercles de gauche radicale

A une échelle géographique plus restreinte, Juan Branco est particulièrement prisé de certains cercles ancrés dans la gauche radicale. Denis Robert, directeur de la rédaction du Média (webtélé proche de La France insoumise), a préfacé Crépuscule« On est copains (…). Pour moi, c’est une fierté d’avoir fait ça »déclare le journaliste en recevant l’auteur« Quand j’ai lu le texte de Juan, j’ai vu quelque chose que je n’avais jamais lu, il a mis des mots sur quelque chose que j’avais pressenti mais que je n’avais pas encore compris »a-t-il expliqué au micro de France Culture.

Toujours pour Le Média, Juan Branco et Denis Robert ont également discuté avec l’écrivain de science-fiction Alain Damasio, le 13 février. Pendant plus de trois heures, ils ont évoqué le changement dans la doctrine de maintien de l’ordre, les élections américaines ou encore une éventuelle VIe République.

 

Si Le Média est proche de La France insoumise (LFI), la formation de Jean-Luc Mélenchon et Juan Branco ont mutuellement pris leurs distances. Adrien Quatennens, député du Nord et coordinateur du parti, assure, le 20 février, que l’ancien de Sciences Po Paris a « complètement rompu avec LFI ». De leur côté, des élus de La France insoumise, comme l’eurodéputée Manon Aubry, se montrent gênés lorsqu’ils sont appelés à se prononcer sur ce que contient Crépuscule.

Pourtant, Juan Branco a été l’avocat de Jean-Luc Mélenchon. Il a aussi été candidat sous la bannière LFI aux élections législatives de 2017, arrivant en troisième position lors du premier tour, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avec 15,49% des voix. Le leader de LFI et l’auteur de Crépuscule « ne sont pas fâchés, en revanche politiquement ils ne sont pas forcément d’accord », a précisé à franceinfo l’entourage du leader du parti, en mai.

Un autre épisode dont les détails demeurent flous est sûrement à l’origine de cette prise de distance. En novembre 2019, l’avocat accuse Emmanuel Macron et François Ruffin d’avoir « mis en scène leur rivalité, en utilisant les ouvriers pour propulser leur notoriété ». Il publie un enregistrement de 2016, concernant l’entreprise Ecopla, alors placée en liquidation judiciaire. François Ruffin, qui n’était pas encore député LFI, assume avoir compté sur la lumière portée sur Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, afin de faire exister le cas d’Ecopla dans les médias. Des « révélations » visant l’une des figures de LFI qui ont été mal vécues du côté du parti.

Le milieu universitaire et les conférences

L’association Les amis du Monde diplomatique l’a invité à plusieurs débats ou conférences. Car Juan Branco a su se distinguer auprès d’une partie des lecteurs du mensuel notamment après la publication d’un reportage en Afrique (« Aux sources du scandale UraMin », 2016) et un article sur Assange (« L’indomptable Julian Assange », 2019). Lors d’une soirée avec le politologue Rémi Lefebvre à l’université de Lille, le 19 novembre, un public de 400 à 500 personnes était présent, selon Philippe Cecille, organisateur de l’événement. Dans l’assistance, il y avait « essentiellement » des personnes relativement jeunes, entre 25 et 30 ans, remarque-t-il.

Même constat pour Dany Bruet, correspondant des Amis du Monde diplomatique et coordinateur des rencontres économiques d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Lorsque l’ancien élève de l’Ecole normale supérieure s’est rendu là-bas, en avril 2019, le public était beaucoup plus jeune que d’habitude, dont « pas mal de jeunes filles, je ne sais pas pourquoi », glisse-t-il en riant à franceinfo. Surtout, Dany Bruet a été extrêmement surpris de constater que le public était essentiellement constitué de « gilets jaunes ». De quoi trancher avec les têtes grises qui constituent l’essentiel de son public habituellement.

Si Juan Branco est plébiscité par ces publics, c’est tant pour le fond que pour la forme. « La pertinence de son propos séduit immédiatement et son background universitaire aussi », commente Dany Bruet. Philippe Cecille, lui, place Juan Branco, qu’il qualifie de « personnalité à la mode », parmi les dix meilleurs orateurs qu’il ait pu voir.

Le fils de Paulo Branco, producteur portugais de cinéma d’art et d’essai, et de la psychanalyste espagnole Dolores López, a aussi l’habitude de s’exprimer dans d’autres cadres, plus institutionnels. Juan Branco a été invité, par exemple, à prononcer un discours dans l’amphithéâtre d’honneur de Polytechnique, le 9 décembre. « La République ne vous appartient pas », a-t-il notamment lancé aux étudiants de la prestigieuse école.

 

Cette prise de parole a été organisée par les tribunes de l’X, une association d’étudiants de Polytechnique. Le député Jean Lassalle, l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve ou encore le médiatique avocat Eric Dupond-Moretti ont déjà été conviés.

Le monde du cinéma et ce « petit Paris » dont il est issu, mais qu’il déteste

Celui qui a grandi dans un milieu privilégié entre le 5e et le 6e arrondissement de Paris, en côtoyant notamment des célébrités du monde du cinéma, explique avoir évolué dans un cercle où « l’anodin n’était pas toléré », où « l’exigence » était impérative afin de fréquenter des « génies ».

Aujourd’hui, Juan Branco ne cesse de dénoncer ce « petit Paris ». Une expression qu’il utilise pour désigner le un microcosme de la capitale composé d’artistes, d’auteurs, de personnes influentes du monde des médias et du pouvoir. Il donne pourtant rendez-vous à des journalistes du Figaro (article payant) au café de Flore, établissement-phare de cette intelligentsia. Il a également le luxe de pouvoir partager sur sa chaîne YouTube un entretien d’une heure avec le réalisateur Jean-Luc Godard et son père, Paulo Branco. Mais quand franceinfo l’interroge sur les opportunités apportées par son réseau, il se met dans une colère noire, se désolant que l’on ne le questionne pas plutôt sur la pensée du réalisateur. Comme souvent, il botte en touche quand on le ramène aux quelques privilèges que lui apportent encore son milieu d’origine.

« Si je suis si exigeant face aux dominants, c’est parce que je considère que lorsque l’on a des privilèges, on a pour rôle de les redistribuer. » Une posture difficile à tenir, estime la « gilet jaune » Corinne Lange. « Il ne pourra jamais faire comme s’il était du peuple de base. C’est impossible pour lui. » Finalement, celui qui assure adhérer à « une démarche révolutionnaire », s’étonne d’être considéré par certains comme « un danger pour la démocratie »« J’ai fait Sciences Po, Normal sup, un doctorat, Yale… Je suis le mec le plus institutionnel, et d’un coup, je deviens un anarchiste militant d’extrême gauche, retrace-t-il. Soit je suis un bourgeois du 6e, soit un vrai anar’ : faut savoir ! »

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