« Il faut taper vite » : François Fillon a bien tenté de couler Nicolas Sarkozy, un enregistrement le prouve

UN PROCHE DE FRANÇOIS HOLLANDE CONFIRME

Agence 6 Media | dimanche 2 février 2020

En 2014, François Fillon a-t-il tenté de déstabiliser Nicolas Sarkozy pour l’empêcher de faire son retour en politique ? La réponse est oui selon un enregistrement où l’on entend l’ancien secrétaire général de l’Élysée, Jean-Pierre Jouyet, confirmer qu’il lui avait demandé de « taper vite ».

Le retour de François Fillon dans Vous avez la parole sur France 2, à l’approche de son procès, jeudi 30 janvier, n’a pas attiré les foules, même s’il y avait tout de même 2 millions de téléspectateurs pour l’ancien candidat à la présidentielle de 2017. Une élection à laquelle il tenait beaucoup à participer. Selon les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, François Fillon aurait été « très actif ». « Il ne met pas directement le nez dans les comptes, il a des gens pour ça, des secondes mains, des petites mains qui fouillent les armoires, qui jettent un œil aux comptes, à tout ce qui a été fait. Ils trouvent quelques petites pépites, par exemple ce sont eux qui balancent à la presse les notes de frais de Jean-François Copé », explique Gérard Davet dans le podcast Majelan.

Été 2014, Nicolas Sarkozy est sur le point de faire son retour en politique sur fond d’affaire de dépassement des comptes de campagne de 2012. L’UMP va devoir payer 516 615 euros pour les dépassements des comptes de campagne alors que le parti était en mauvaise posture. On parle de réunions organisées par François Fillon et ses « petites mains » avec les commissaires aux comptes de l’UMP qui auraient décelé « qu’il y avait pénalement quelque chose de problématique avec cette prise en charge » par le mouvement d’une sanction infligée au candidat.

« C’est là que Fillon voit une ouverture formidable pour déstabiliser Sarkozy. Parce que s’il y a un risque pénal, ça veut dire que la justice peut être saisie. Il va tout faire pour qu’elle arrive dans les mains de la justice », résume Fabrice Lhomme. Pour que cela aille plus vite, celui qui sera le candidat des Républicains en 2017, aurait demandé à l’Élysée d’agir. Le 24 juin 2014, François Fillon invite le secrétaire général de l’Élysée Jean-Pierre Jouyet, un ami de longue date de François Hollande. Un déjeuner au restaurant pendant lequel l’affaire des pénalités de Nicolas Sarkozy aurait été évoquée par l’ancien Premier ministre qui aurait demandé au numéro 2 de l’Élysée d’intervenir sur la justice pour qu’elle agisse plus vite sur ce dossier. Un repas confirmé par l’ancien secrétaire général de l’Élysée.

« Il me dit : ‘si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir’ », a confié Jean-Pierre Jouyet aux deux journalistes du Monde, dans un enregistrement qu’ils viennent de dévoiler dans le podcast Majelan. « Je reviens, j’accomplis ma mission, je reviens voir le président : je dis : ‘Ce qu’il demande, c’est taper vite’. Il me dit ‘oui, mais taper vite… Comment ? On ne peut pas, c’est la justice’. Je lui dis : ‘je ne te le fais pas dire, c’est ce que je lui ai dit’ », précise Jean-Pierre Jouyet dans l’enregistrement. Il laisse entendre que ni lui, ni le chef de l’État de l’époque n’ont agi pour respecter les désirs de François Fillon qui aurait donc bien tenté de déstabiliser Nicolas Sarkozy.

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