Après 5 ans Comment se porte la formation de l’architecte au SÉNÉGAL ?

INTERVIEW SUR SUD HEBDO IL YA 5 ans!!!

Quand la tricherie dans les constructions « tue » des sénégalais

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Malick MBOW© Malick MBOW
Malick MBOW© Malick MBOW

Malick MBOW - Architecte DPLG-F du Cabinet ARCHI CONCEPT INTERNATIONAL
Photo 1 – Malick MBOW – Architecte DPLG-F du Cabinet ARCHI CONCEPT INTERNATIONAL

La Direction de la protection civile a recensé, dans son rapport 2014, en tout 168 bâtiments menaçant ruine dont seulement 25 ont été évacués. La cause principale est, en dehors de la qualité du matériel décrié, le non recours à un architecte dans la conception. Interpellé sur cet état de fait, le chargé de la formation au niveau du conseil de l’Ordre des architectes et de la promotion de l’architecture au Sénégal, Malick MBOW, dénonce le fait que même dans l’attribution des permis de construire, les architectes sont contournés.

Au Sénégal, chantier de construction d’immeuble et autres bâtiment à usage d’habitation pullulent de partout. Dans tous les quartiers de la capitale et dans les régions, les maisons poussent comme des champignons. Seulement rares sont des promoteurs et propriétaires immobiliers qui ont recours à l’expertise d’un architecte dans la conception de leur maison. Conséquence, ces bâtissent qui poussent déjà avec «des malformations» deviennent, au bout de quelques mois ou années, de véritables dangers pour leurs occupants et les riverains, s’elles ne s’écroulent pas tout bonne bonnement avant réception.

En atteste, la Direction de la protection civile a recensé, dans son rapport 2014, en tout 168 bâtiments menaçant ruines dont 25 ont été évacués. La cause principale relevée est, en dehors de la qualité du matériel décrié, le non recours à un architecte dans la conception. Selon le chargé de la formation au niveau du conseil de l’Ordre des architectes et de la promotion de l’architecture au Sénégal, Malick Mbow, le mal est plus profond. En effet, déplore-t-il, ceux désirant avoir des permis de construire trouvent souvent des moyens à contourner les architectes chargés d’élaborer le plan.

A son avis, nombreux sont ceux qui font recours à des personnes inhabilités et, ce sont les plans faits par ces derniers, des plans incompatibles avec des constructions qui s’écroulent la plupart du temps, qui sont présentés. A l’en croire, «il y’a beaucoup de bâtiments qui ont été construits par des gens qui ne sont même pas des techniciens. Ils sont directement gérés, dit-il, par des marchands». Malick Mbow renchérit, par ailleurs, en affirmant qu’aucun bâtiment construit avec l’attache et un architecte n’est dans le lot des immeubles menacés de ruine.

Le responsable de la formation au sein de l’Ordre des architectes réfute l’argument avancé selon lequel «un architecte coûte cher». A l’en croire, le non recours au service des architectes par des Sénégalais, dans leur construction, n’est pas du à la cherté du service. Car, trouve-t-il, la somme demandée par les architectes est insignifiant par rapport au résultat, la sécurité, la garantie et la longévité de la construction. En guise d’exemple, soutient-il, «si un projet est à 1 million de F Cfa, l’architecte ne prend que les 10%». Mieux poursuit-il, «plus le pourcentage est bas, moins le montant est élevé». Ainsi «pour un projet de milliard, le pourcentage pour l’architecte n’est que de 2%», explique-t-il.

Concernant toujours, les facteurs qui sont à l’origine de l’effondrement des immeubles, Malick Mbow déplore l’inadéquation des matériels de construction. Selon, lui, le matériel utilisé dans la construction de bâtiments au Sénégal contribue aussi à accroitre les risques d’effondrement. Le fer local, et les poteaux écoulés dans le marché ne sont pas pour garantir une solidité des bâtiments note-t-il. Il est aussi nécessaire qu’il y ait un contrôle dans la fabrication des briques, conclut-il.

DE L’URGENCE DE ROUVRIR L’ECOLE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME DE DAKAR

S’agissant toujours de l’importance des architectes dans la construction, le chargé de la formation au niveau du conseil de l’Ordre des architectes et de la promotion de l’architecture au Sénégal déplore la qualité de la formation. Pour lui, il n’y plus d’école qualifiée dans la formation dans cette discipline au Sénégal. La seule école existante est, dit-il, fermée depuis plusieurs années. Ce qui fait que les enseignements dispensés actuellement dans des écoles privées ne sont pas adéquates avec les exigences du métier, relève-t-il.

Il juge que pour une bonne formation, l’étudiant devra au moins faire sept (7) années d’études. Ce temps est même une exigence de l’Union économique et monétaire Ouest africaine (Uemoa), formulée dans les directives régissant la profession dans l’espace Uemoa et entérinées le 26 septembre 2013. Malheureusement, se désole-t-il, à ce jour, l’Ordre des architectes déclare n’avoir reçu d’aucune école un programme académique du 2éme cycle ou de master pouvant conduire conformément à la dite directive et par conséquent à l’obtention d’un diplôme d’architecte. L’Ordre des architectes estime ainsi qu’il urge de rouvrir l’école d’architecture et d’urbanisme de Dakar.

Source : SudOnLine

3 COMMENTS

Mamadou Jean Charles TALL© Malick MBOW
Mamadou Jean Charles TALL© Malick MBOW

 

  1. Estimé confrère,

    L’interview publiée par A4 pose une problématique très importante illustrée ces dernières semaines par l’effondrement de parties importantes de bâtiments ayant occasionné la mort ou des blessures sérieuses de quelques compatriotes. Les pistes de réflexion que vous ouvrez sont intéressantes. Elles mériteraient d’être parfois plus précises.

    Sur le coût des honoraires d’architecte, il est important de préciser que le barême minimal de l’Ordre est également fonction de la difficulté du projet, ceux-ci étant classés dans une catégorie, selon leur complexité.
    Le minimum prévu par le barême de l’Ordre pour un projet B1 est de 3,5% (catgorie B1 pour des projets d’un montant supérieur à 2560000000 FCFA) et non 2% pour une mission complète. Il serait également important d’expliquer aux sénégalais que la mission complète pour un projet de plus de 2560000000 FCFA va durer plusieurs années et que cette mission comprend un ensemble d’actes qui sont nécessaires aux différentes étapes du projet pour arriver à une certaine cohérence. La plupart des sénégalais s’imaginent que nous sommes payés des fortunes pour faire « un petit dessin » et ne mettent pas en relation les honoraires avec le contenu réel de notre mission et l’étendue de notre responsabilité.

    S’il est vrai que les projets menaçant vétusté n’ont pas été conçus par des architectes, cela ne nous absout pas de certaines responsabilités criantes. Beaucoup d’architectes, par manque de respect de la déontologie, violent les règles d’éthique et peuvent porter préjudice à leurs clients. Il nous faut mettre de l’ordre à cela, tout comme il nous faut communiquer et agir vis-à-vis des nombreuses personnes exerçant dans notre pays sans en avoir le droit.
    Enfin, je ne peux pas être d’accord avec la présentation que vous faites des écoles privées d’architecture dans notre pays. Je suis moi-même promoteur d’une de ces écoles.

    Il est facile d’affirmer que « il n’y plus d’école qualifiée dans la formation dans cette discipline au Sénégal » sans en donner la moindre démonstration. L’argument aurait d’ailleurs été plus fort si vous aviez connaissance du programme pédagogique et des méthodes d’enseignement de ces écoles, ce qui n’est absolument pas le cas. L’UEMOA ne conseille pas 7 années d’études, mais 05 (pour la délivrance d’un Master2 conformément au système LMD) suivies d’un stage en cabinet de deux ans. Le Master 2 donne droit au titre d’architecte qui sera inscrit comme stagiaire sur le tableau de l’Ordre.
    Vous omettez également de préciser que si l’Ordre des Architectes du Sénégal n’a « reçu d’aucune école un programme académique du 2éme cycle ou de master pouvant conduire conformément à la dite directive et par conséquent à l’obtention d’un diplôme d’architecte » cela est dû à son refus de recevoir les dirigeants de ces écoles qui ont demandé à plusieurs reprises – et depuis 06 ans- une rencontre leur permettant d’exposer devant le Conseil de l’Ordre, leur programme et démarche pédagogiques.

    Effectivement nous avons besoin de formation de base comme de formation continue. Nous avons besoin aussi que l’Etat et l’ordre des architectes jouent chacun leur partition pour permettre de faire connaître la profession et d’améliorer l’environnement architectural et urbain.

    Votre revue participe de ce mouvement et je voudrais vous en féliciter malgré les réserves que je peux soulever sur le contenu de certains articles.

    Confraternellement,

    Mamadou Jean-Charles TALL

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