Violente agression raciste : enquête ouverte après la mort d’un homme près de Rouen

 

Mamoudou-BARRY© Malick MBOW
Mamoudou-BARRY© Malick MBOW

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Mamoudou Barry, enseignant-chercheur d’origine guinéenne, a été tué, vendredi soir, après une altercation. (photo DR)
Mamoudou Barry, enseignant-chercheur d’origine guinéenne, a été tué, vendredi soir, après une altercation. (photo DR)

Mathilde Bienvenu — 21 juillet 2019

Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a déclaré que «tout était mis en œuvre» pour identifier l’auteur de l’agression mortelle de Mamoudou Barry, un enseignant chercheur guinéen de 31 ans, décédé samedi à l’hôpital de Rouen.

Violente agression raciste : enquête ouverte après la mort d’un homme près de Rouen

Les circonstances autour de la mort d’un Guinéen, enseignant chercheur de 31 ans, samedi au CHU de Rouen ne sont pas encore claires. Ce père de famille était au volant de sa voiture à Canteleu (Seine-Maritime) dans la nuit de vendredi à samedi lorsqu’il a été victime «victime d’une agression verbale puis physique d’une extrême violence qui lui ont causé des lésions cérébrales et l’ont mis dans un coma profond» selon des sources policières contactées par France 3 Normandie.

Un proche de la victime, Kalil Keita, également enseignant sur le campus de Rouen, a déclaré à France Bleu Normandie qu’un individu d’origine maghrébine aurait insulté Mamoudou Barry et sa femme. Il aurait été la première personne que la femme de la victime aurait contactée après le drame : «L’homme les a traités de « sales noirs », il leur a dit : « On va vous niquer ce soir. Il faisait allusion au match Sénégal-Algérie. »» C’est à ce moment que Mamoudou Barry serait descendu de son véhicule pour demander des explications. «Il a commencé à dire : « Je ne suis pas Sénégalais, je ne suis pas Algérien, ni même très footeux. » Il n’a pas eu le temps de terminer sa phrase qu’il était asséné de coups. Aux dires des témoins, c’est au quatrième coup que Monsieur Barry a été projeté, sa nuque a cogné le goudron», ajoute ce proche aux journalistes de la radio locale.

Une source policière de France Bleu Normandie confirmerait ce témoignage. Toujours selon cette source, la victime aurait alors essayé de se relever quand l’agresseur lui a donné un coup de pied au visage et un autre coup de poing. C’est alors que Mamoudou Barry serait resté au sol inconscient. Selon Kalil Keita, «Madame Barry a vu son mari par terre, elle a commencé à hurler sur l’agresseur qui l’a menacée à son tour avant de repartir tranquillement».

«Investigations en cours»

Le parquet de Rouen a ouvert une enquête et la police continue de recueillir les témoignages. «Les investigations sont en cours. Les auditions et vérifications devraient permettre de préciser le déroulement des faits», a indiqué le procureur de Rouen, Pascal Prache, dans un message à l’AFP.

La députée LREM de Seine-Maritime Sira Sylla a déclaré : «Pour le moment, aucune preuve n’a été apportée qu’il s’agit d’un meurtre en lien avec le match Algérie Sénégal. Laissons la police travailler sereinement à la recherche de la vérité. L’heure est au recueillement.»Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a présenté ses condoléances à la famille ce dimanche sur Twitter.

Tout est mis en œuvre pour identifier et interpeller l’auteur de l’agression qui a coûté la vie à #MamadouBarry.
Il appartiendra à la Justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux.
Mes premières pensées vont à ses proches dont je partage l’émotion et l’indignation.

— Christophe Castaner (@CCastaner) 21 juillet 2019

L’émotion est grande dans la communauté guinéenne. L’ambassadeur de la Guinée en France, Amara Camara, a déclaré au journal Guinée Réalité : «C’est une grosse perte pour nous. Un jeune brillant tué par le fait d’une bêtise humaine. C’est triste.»

Mathilde Bienvenu

Mort d’un enseignant-chercheur guinéen près de Rouen : une « agression raciste » selon ses proches

Un enseignant-chercheur à l’université de Rouen a été tué, dans la nuit de vendredi à samedi 20 juillet 2019, près de Rouen, suite à une altercation survenue avec un autre homme dans la rue. Selon ses proches, il s’agit d’une agression à caractère raciste. La victime aurait été insultée avant d’être frappée.

PN Baptiste LAUREAU Elise KERGAL

PUBLIÉ LE 21/07/2019 À 19:07

 

Mamoudou Barry, enseignant-chercheur d’origine guinéenne, a été tué, vendredi soir, après une altercation. (photo DR)

Un enseignant-chercheur d’origine guinéenne, Mamoudou Barry, âgé de 31 ans, est mort après une altercation survenue avec un autre homme, dans la nuit de vendredi à samedi 20 juillet 2019, entre 20h et 21h, à Canteleu, près de Rouen. « La victime se trouvait en voiture avec sa femme. Il était arrêté à un feu rouge, quand il a eu une discussion houleuse avec un piéton », explique une source judiciaire. Selon nos informations, la femme de Mamoudou Barry et des témoins qui se trouvaient à hauteur de l’arrêt de bus Provence, auraient entendu le suspect dire à la victime : « Sales noirs. Fils de putes. On va vous exterminer vous tous les noirs. Et à partir de ce soir. » Faisant peut-être référence au match de football qui se jouait dans la soirée entre le Sénégal et l’Algérie dans le cadre de la finale de Coupe d’Afrique des nations (CAN). D’ailleurs sur sa page Facebook, Mamoudou Barry ne cache pas qu’il supportait l’équipe du Sénégal après la défaite de la Guinée lors de la CAN. Le 14 juillet, il écrivait sur son « mur » : « Je suis Sénégalais jusqu’à la finale. »

La victime — qui est descendue de son véhicule — lui aurait répondu : « Pourquoi vous m’insultez ? ». N’appréciant pas la question, le suspect lui a assené un coup de poing violent et des coups de bouteille sur la tête. Le trentenaire est tombé violemment au sol. Grièvement blessé, celui-ci a été transporté au CHU dans la soirée. Il est décédé samedi des suites de ses blessures.

Selon un ami proche de la victime, Kalil Aissata Kéita, enseignant-chercheur à l’université de Rouen, « il a été roué de coups. C’est au 4e coup qu’il est tombé sur la nuque ». Il a précisé avoir été aussitôt appelé, après les faits, par la femme de son ami.

Un suspect de « type maghrébin »

L’auteur présumé qui a pris la fuite, est recherché par la police. Une enquête a été ouverte par la Sûreté départementale de Rouen. Des médias guinéens et des membres de la communauté guinéenne en France affirment qu’il s’agit d’une agression raciste. Tout comme l’avocat de la famille de la victime, Me Jonas Haddad : « Il ne s’agit pas d’une altercation. Il s’agit clairement d’une agression à caractère raciste. Lorsque l’agresseur a porté les coups qui ont provoqué la mort, il a dit qu’il le faisait en raison de la couleur de peau de la victime. »

Certains sites vont même plus loin. Selon le site internet Guineematin.com, la victime aurait été « prise à partie par un supporter algérien ». Un élément que ne confirme pas en l’état l’enquête de police. Kalil Aissata Kéita indique que le suspect était de « type maghrébin » mais « on ne sait pas si c’est un Algérien ». Lui aussi évoque une « agression raciste ».

Le procureur de la République de Rouen, Pascal Prache, n’a pas communiqué sur l’affaire précisant juste que des « investigations sont en cours et qu’elles permettront de préciser le déroulement des faits ». Selon une source judiciaire, « les auditions de témoins et de la femme de la victime font état d’insultes racistes proférées par le suspect ». Ce qui confirmerait cette thèse.

L’agression a fait le tour des réseaux sociaux : des politiques locaux, mais aussi des sites d’extrême droite dénoncent cette agression la qualifiant de raciste. Sur Twitter, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a également réagi : « Tout est mis en œuvre pour identifier et interpeller l’auteur de l’agression (…) Il appartiendra à la Justice de faire toute la lumière sur cet acte odieuxMes premières pensées vont à ses proches dont je partage l’émotion et l’indignation.»

Très connu et reconnu dans le domaine de la recherche en droit privé, Mamoudou Barry, était un enseignant-chercheur qui travaillait depuis quelques années à l’université de Rouen, et aussi en Guinée. Fin juin, il venait de soutenir une thèse de doctorat de droit, à Rouen, sur les « Politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone ». Il était aussi membre de Thinking Africa, un institut de recherches et d’enseignement. Celui-ci lui rend hommage sur son site internet : « Nous perdons un homme de valeur et de consensus ; un brillant intellectuel pluridisciplinaire. Mamoudou a toujours été un guide pour les étudiants. »

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