NOUVELLES TECHNOLOGIESPodcast L’art fait par intelligence artificielle fait un tabac chez Christie’s

Anonymous - © Malick MBOW
Anonymous – © Malick MBOW

Par Dominique Desaunay

Une femme contemple le portrait d’«Edmond de Belamy», créé par une intelligence artificielle.AFP/Timothy A. Clary
Un tableau réalisé par un programme d’intelligence artificielle a été adjugé pour environ 380 000 euros par la maison new-yorkaise de vente aux enchères Christie’s. Ce portrait dénommé Edmond de Belamy, proposé à la vente par un collectif d’artistes et d’informaticiens français qui s’est donné comme mission de jeter un pont entre le numérique et l’art, a été entièrement façonné puis signé par une machine.

Alors ! C’est de l’art ou du cochon ? Les programmes d’intelligence artificielle imitant à la perfection les œuvres originales de grands maîtres aujourd’hui disparus, remplaceront-ils bientôt les jeunes créateurs au cœur même de leurs ateliers ? Le vrai-faux Rembrandtentièrement conçu par ordinateur, puis imprimé en 3D, qui avait en 2016 défrayé la chronique quant à sa véritable valeur artistique, a apparemment ouvert la boîte de pandore.

Que ce soit pour la musique, la peinture ou l’écriture, les intelligences artificielles font leur nid dans le domaine de l’art. Certains programmes en tant que simples assistants de création, d’autres, plus sophistiqués se substituent en toute autonomie, pour le meilleur comme pour le pire, aux artistes. La série de tableaux réalisés par les algorithmes employés par trois Français membres du collectif Obvious en a fait la démonstration. Les portraits originaux générés uniquement à l’aide d’une machine représentent les membres d’une famille fictive dénommée les Belamy.

Apprentissage profond

Toutes ces œuvres ont été élaborées en utilisant des réseaux antagonistes génératifs (GAN), qui ouvrent aux intelligences artificielles les portes de l’apprentissage profond en leur permettant de progresser sans une intervention humaine. La toile intitulée Edmond de Belamy rend hommage à Ian Goodfellow, un nom qui veut dire « bon ami » en français. Coïncidence ? Non, je ne crois pas ! Selon la formule consacrée ! Car ce chercheur de la firme Google est justement l’inventeur de cette technologie en réseau qui simule le fonctionnement des cellules grises humaines.

Son portrait qui a été signé d’une formule mathématique par la « main » virtuelle de la machine qui l’a créé a suscité un vif intérêt de la part des marchands d’art. Estimé à l’origine à 7 000 dollars par les commissaires-priseurs de la maison Christie’s, il a été adjugé pour environ 380 000 euros, soit 40 fois sa mise à prix de départ, lors d’une vente aux enchères à New York aux États-Unis. « Après l’impressionnisme, le pointillisme, nous sommes les pionniers du « GANisme » », se sont exclamés les artistes informaticiens du collectif, en référence à la technologie qu’ils ont utilisée.

Mais cette nouvelle forme d’art, intéressera-t-elle toujours le genre humain, quand les commissaires-priseurs seront remplacés par des programmes intelligents qui fixeront eux-mêmes le prix des œuvres créées par des machines et qu’achèteront fatalement un jour des robots amateurs d’art ? Un différend « artistique » qui opposera tôt ou tard l’homme à la machine. « Afin de résoudre ces éventuels conflits, il conviendrait peut-être de soumettre le problème à une intelligence artificielle », nous répondraient sans doute et en chœur les spécialistes des sciences du numérique.

Vous avez des questions ou des suggestions, vous pouvez nous écrire à nouvelles.technologies@rfi.fr

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