La France en première ligne dans la course au train Hyperloop

Anonymous - © Malick MBOW
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>Société|Aude Le Gentil|10 août 2018
Et si un train supersonique desservait l’université de Toronto ? C’est ce qu’imagine ce visuel de l’Hyperloop conçu par la start-up canadienne Transpod. Transpod

Hyperloop One, HTT et Transpod. Ces trois entreprises se livrent à un marathon pour élaborer le premier Hyperloop, le train du futur imaginé par Elon Musk. Et dans ces trois projets, la France est partie prenante.

Un jour, peut-être, nous pourrons monter à bord d’une capsule depuis Paris et prendre le soleil à Nice 40 minutes plus tard. Ou être propulsés de Paris à Amsterdam en 30 minutes. Le tout à la seule force de l’énergie solaire. Cet espoir est porté par l’Hyperloop, un projet de train supersonique. Et c’est à Droux, dans le Limousin, qu’un prototype va être testé.

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L’Hyperloop. Un train qui surpasserait les 1 000, voire 1 200 km/h. Quatre fois plus vite qu’un TGV, mais aussi moins cher et plus fiable. Plus rapide, même, qu’un avion. Le projet a été relancé en 2013 par l’entrepreneur Elon Musk, père de PayPal, Tesla ou encore SpaceX. Concrètement, des capsules seraient maintenues en lévitation dans un immense tube vidé de son air. Cela ressemble à un rêve de savant fou, mais il est déjà sur les rails.

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A Droux, bourg de 360 habitants en Haute-Vienne, l’Hyperloop, c’est du concret. La start-up canadienne Transpod a déposé, ce vendredi, un permis de construire pour y installer un laboratoire et une piste d’essai de 3 km. Pourquoi Droux ? Parce que des entrepreneurs et élus locaux, réunis par l’association Hyperloop Limoges, sont allés démarcher la société et lui ont trouvé un terrain de 3 km, mis à disposition par le Conseil départemental.

Trois concurrents dans les starting-blocks

« Si tout se passe bien, indique-t-il, le premier coup de pioche interviendra entre la fin de l’année et début 2019. » C’est ce qu’espère Vincent Léonie, adjoint au maire de Limoges et président de l’association. Après un chantier de 12 mois, Transpod pourra tester le train le plus rapide du monde. Le tout pour 21 millions d’euros, un projet entièrement financé par des partenaires privés. Que du positif pour « l’image de notre territoire », veut croire Vincent Léonie.

Mais Transpod n’est pas le seul dans la course. Deux autres pionniers se sont lancés dans l’aventure Hyperloop. Et, sur le papier du moins, ils semblent mieux armés. D’un côté, Virgin Hyperloop One, entreprise américaine présidée par le milliardaire Richard Branson, fondateur de Virgin. De l’autre, Hyperloop Transportation Technologies (HTT), autre société américaine, dirigée par Dirk Ahlborn.

Des Français à chaque étape

Dans ce trio, Virgin Hyperloop One semble le plus avancé. L’été dernier, l’entreprise a annoncé avoir réussi deux premiers tests grandeur nature sur sa piste d’essai située près de Las Vegas, dans le Nevada. Lors de la deuxième expérimentation, en juillet 2017, le prototype a atteint les 310 km/h et a parcouru 450 m. Objectif : une première ligne en service en 2021, pour le transport de marchandises.

Hyperloop peut compter sur les 160 millions de dollars levés auprès de gros investisseurs comme General Electric ou le géant portuaire de Dubaï DP World Group. Mais des Français ont aussi pris leur ticket chez Branson : la SNCF et sa filiale Systra. La société ferroviaire française, qui n’a pas révélé le montant de son investissement, espère commercialiser une ligne Paris Marseille en 45 minutes.

HTT se projette plus vite encore. La firme promet de relier Dubaï à Abu Dhabi en Hyperloop dès octobre 2020. Là encore, des Français planchent sur le sujet. HTT en effet a choisi Toulouse, capitale européenne de l’aéronautique, pour installer l’une de ses deux zones de tests ainsi qu’un centre de recherche et développement sur l’ancienne base militaire de Francazal. Déjà, la ville rose a réceptionné les premiers tronçons de tube pour former une piste d’essai de 300 m.

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En avril 2018, les premiers tronçons d’un tube d’essai de la firme Hyperloop TT ont été livrés à Toulouse./Hyperloop Transportation Technologies.

Prime au plus rapide

La start-up Transpod est-elle distancée ? Avec ses 50 millions d’euros levés et son objectif d’une première ligne commerciale en 2030, elle fait figure de petits bras. Erreur, assène Vincent Léonie. Pour lui, les annonces des concurrents c’est « de la communication », rien de plus. « Hyperloop One a fait circuler un chariot, et alors ? On savait déjà que c’était possible. Ce que j’attends, c’est qu’ils valident une vraie capsule autonome de A à Z. »

Le lièvre, la tortue, David, Goliath… Vincent Léonie convoque fables et mythes pour rappeler que « l’outsider peut très bien gagner à la fin ». Il rappelle que la start-up canadienne, cofondée par le Français Sébastien Gendron, a déposé une quarantaine de brevets. Et de nouveaux investisseurs devraient être dévoilés à l’automne. Pour l’élu divers gauche de Limoges, c’est un marathon que se livrent les trois entreprises, pas un sprint.

Car c’est bien une course. « Comme la bataille entre iOS et Windows, c’est à qui sera le premier à mettre en place une technologie qui fonctionne, soutient Vincent Léonie. Cela n’exclut pas les autres, plusieurs systèmes pourront coexister un moment, mais le premier sortira une norme. »

Certains, dans le Limousin notamment, craignent une future pollution sonore et visuelle. D’autres doutent de la rentabilité du projet. « Une ligne en construction et en exploitation coûterait moins cher qu’une LGV », affirme Vincent Léonie. Car l’Hyperloop fonctionne à l’énergie solaire et sans personnel ou presque. Technologie, financement… les obstacles sont encore nombreux. Il en convient : « tout reste à faire. »

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