« Va te faire f*** » : les victimes des attentats du 13-Novembre répondent à Donald Trump, le PS en apelle à Macron

Donald TRUMP - © Malick MBOW
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SCANDALISÉS – Au lendemain des propos de Donald Trump, qui a mimé et utilisé les attentats du Bataclan en 2015 pour apporter son soutien au puissant lobby pro-arme de la National Rifle Association (NRA), les victimes, leurs proches et le monde politique français demandent des excuses au président américain. Le ministère des Affaires Etrangères a condamné les propos et demande « le respect de la mémoire des victimes ». Le PS réclame une réaction d’Emmanuel Macron.

« Des clowneries inacceptables ». Voilà comment les victimes et les proches de victimes des attentats de Paris et notamment du Bataclan ont réagi au discours de Donald Trump, vendredi soir devant la NRA (National Rifle Association), le lobby pro-armes. Pour brosser son auditoire dans le sens du poil, le président des Etats-Unis a cité les événements du 13 novembre 2015 à Paris, revisités pour l’occasion à sa sauce, afin de réaffirmer son soutien au droit de porter une arme.

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« (Les victimes) ont été tuées brutalement par un petit groupe de terroristes qui avaient des armes. Ils ont pris leur temps et les ont tués un par un. Boum, viens là ! Boum, viens là ! », a-t-il rappelé, mimant le geste d’un pistolet, avant d’expliquer que si au moins une personne avait été armée ce jour-là, « ça aurait été une toute autre histoire ». « Il faut un bon gars avec une arme pour tuer un mauvais gars avec une arme », a-t-il ajouté. Un discours et une mise en scène qui ont sans doute plu à son auditoire, mais qui ont choqué les victimes des attentats du 13-Novembre.

Trump aussi « diabolique » que le clown de Stephen King

« Va te faire foutre (tu peux utiliser une arme si tu veux) », a ainsi lancé – en anglais – sur Twitter Emmanuel Domenach, ancien vice-président d’une association de victimes et lui-même survivant des attaques.

Nombreux sont ceux qui ont interpellé Emmanuel Macron ou le ministre des Affaires étrangères, réclamant une réaction officielle. « Notre réaction, c’est d’abord du dégoût face à des clowneries inacceptables », a déclaré Philippe Duperron, président de l’association 13 Onze 15 auprès du Huffington Post, qui a perdu son fils Thomas ce soir-là. « Nous allons demander une réaction officielle de la part de la diplomatie française condamnant sereinement et fermement ces propos. » Il demande un communiqué officiel calme et posé. L’association Life for Paris se dit peut étonnée du manque de réaction des autorités françaises.

Georges Salines, qui a perdu sa fille au concert des Eagles of Death Metal, parle de Trump comme d' »un clown diabolique du roman It de Stephen King ».  » Si les américains étaient moins armés, peut-être la mortalité par armes à feu aux USA ne serait-elle pas 15 fois celle des pays européens », rappelle-t-il. Rescapée du Bataclan, Aurélia Gilbert en appelle à la déléguée interministérielle à l’aide aux victimes pour exiger des excuses de Donald Trump.

Les statistiques de victimes par arme à feu ne nous conduisent pas à remettre en cause le choix de la France en la matière.Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères

Côté politique, François Hollande a lui aussi réagi aux « propos honteux et (aux) simagrées obscènes » de Trump qui a pourtant reçu récemment le couple Macron en visite officielle. « L’amitié entre nos deux peuples ne sera pas entachée par l’irrespect et l’outrance, » a écrit sur Twitter l’ancien chef de l’Etat. Anne Hidalgo, maire de Paris, s’est également dite choquée par la mise en scène « méprisante et indigne ». Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur en 2015, évoque son « indignation et son dégoût » après les propos de Donald Trump. « La transgression, c’est l’irrespect », conclut-il sur le réseau social.

 « J’aimerais que (le président de la République) réagisse directement »Olivier Faure, premier secrétaire du PS

Le Quai d’Orsay a fini par publier un communiqué en début de soirée samedi. « La France exprime sa ferme désapprobation des propos du président Trump au sujet des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et demande le respect de la mémoire des victimes », a écrit le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères. « Les statistiques de victimes par arme à feu ne nous conduisent pas à remettre en cause le choix de la France en la matière. La libre circulation d’armes au sein de la société ne constitue pas un rempart contre les attaques terroristes, elle peut au contraire faciliter la planification de ce type d’attaque. »

Mais cette réaction n’est pas suffisante pour certains membres de l’opposition. Le premier secrétaire du Parti socialiste  Olivier Faure a ainsi souhaité dimanche qu’Emmanuel Macron « réagisse directement ». « Le président de la République était la semaine dernière (lors de son  voyage aux Etats-Unis) dans la « bromance », cette romance entre frères, j’aimerais  qu’on comprenne où il est », a ajouté le dirigeant. Il « faut aussi de temps en temps se faire respecter. La diplomatie, ce  n’est pas l’effacement. Dans le rapport que nous entretenons avec l’allié  américain, ne soyons pas la partie faible ».

Les attentats de Paris, l’argument pro-arme habituel de Trump

Les Français n’ont pas été les seuls choqués. Les journalistes américains aussi, notamment quand le président américain expliquait que les évènements de Paris n’auraient pu arriver aux Etats-Unis « car nous avons des armes ». Keith Boykin, journaliste politique pour CNN, a ainsi rappelé que celui-ci n’avait pas cité les 851 personnes blessées et les 51 morts de l’attaque de Las Vegas survenue en octobre dernier dans une « Amérique armée ».

Et ce n’est pas la première fois que Donald Trump se sert des Attentats de Paris pour ses idées. En novembre 2015, deux jours après l’attaque, alors en campagne électorale, il avait expliqué le carnage par l’absence de libre-circulation des armes en France. « Regardez Paris, avec les lois sur le port d’armes les plus restrictives du monde, personne n’a d’armes sauf les méchants », avait-il déclaré devant une foule acquise à sa cause. « On peut dire ce qu’on veut, (…) s’ils avaient eu le droit de porter des armes, la situation aurait été très, très différente ».

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