Adepte de la « Biologie Totale », il refusait de soigner son cancer

Anonymous - © Malick MBOW
Anonymous – © Malick MBOW

Dans un reportage diffusé en Belgique sur la RTBF ce mercredi 25 avril, Catherine Lorsignol et Jean De Waele racontent le calvaire de Domizzio Danieli, victime des dérives sectaires et thérapeutiques de la Biologie Totale.

Domizzio Danieli mort d'un cancer au cerveau

Domizzio Danieli mort d’un cancer au cerveau. Il suivait les préceptes de la Biologie Totale.

PLAINTE. “La maladie c’est quelque chose de chouette. Si on n’est pas malade, on meurt. Si on a un cancer c’est pour rester en vie.” Voilà le genre de propos que tenait à ses élèves et ses “patients”, Didier Frère, un pseudo-thérapeute et formateur belge en « Biologie Totale ». Il est désormais accusé par la justice de son pays “d’exercice illégal de l’art de guérir”, l’équivalent de l’exercice illégal de la médecine en France. Son procès, qui devrait se tenir prochainement au tribunal correctionnel de Charleroi, est particulièrement attendu par la famille de Domizzio Danieli, décédé d’un cancer du cerveau en 2013. Ses enfants ont porté plainte contre le thérapeute qu’ils estiment en partie responsable de la mort de leur père. Un reportage de Catherine Lorsignol et Jean De Waele, diffusé par la RTBF ce mercredi 25 avril à 20h25 dans l’émission Devoir d’enquête, fait le récit détaillé de cette dérive thérapeutique édifiante. Selon la famille, Didier Frère aurait poussé le malade à refuser tout traitement médical conventionnel pour suivre les préceptes de la « Biologie Totale ».

Un des grands principes de la « Biologie Totale » et des pseudo-médecines : le malade est toujours responsable du succès ou de l’échec de sa guérison. Pas le thérapeute

Cette pseudo-médecine considère la maladie comme une manifestation bénéfique, l’évacuation d’un “conflit”, c’est-à-dire d’un choc émotionnel passé que l’organisme ne parvient plus à contenir. Il suffirait alors de prendre conscience de ce stress pour l’évacuer et ainsi guérir. Ce concept sans fondement, qui vaut pour toutes les maladies, a été élaboré en France par le Dr Claude Sabbah. Depuis 2005, Sciences et Avenir a dénoncé à plusieurs reprises les pratiques déviantes de ce médecin (Cf Sciences et Avenir septembre 2005 et septembre 2007).

Deux des enquêtes sur la Biologie Totale parue dans Sciences et Avenir en 2005 et 2007.

En 2007, nous avions même pu filmer une conférence qu’il avait organisé au sein de l’université Panthéon-Sorbonne. Dans l’extrait ci-dessous, il explique comment une patiente atteinte de quatre cancers différents et sur le point de mourir, est sauvée grâce à la Biologie Totale.

SECTE. Claude Sabbah, déjà retiré de l’Ordre des médecins, a finalement été condamné en 2015 à deux ans de prison ferme, 30.000 euros d’amende et obligation de faire paraître cette condamnation dans Sciences et Avenir et le quotidien Midi Libre (le procès s’étant déroulé à Montpellier). Or, le thérapeute belge Didier Frère a justement été formé par Claude Sabbah. Comme son concitoyen, Louis Vliegen qui lui aussi, se présentant comme thérapeute en « Biologie Totale », a été condamné par la justice belge en 2011.

La défense de Didier Frère s’annonce donc délicate, ce d’autant plus que la fille de Domizzio Danieli a eu la bonne idée d’enregistrer les propos à la fois culpabilisants et délirants du thérapeute. Dans ces enregistrements terrifiants reproduits dans le reportage de la RTBF, Didier Frère explique par exemple que l’état de Domizzio Danieli ferait partie du processus de guérison. Pire, il va jusqu’à culpabiliser le malade qui sur son lit d’hôpital se sait déjà condamné : “Tu te poses trop de questions. Tu t’es planté Domi sur ce coup-là !”, assène-t-il sans état d’âme.

C’est là justement l’un des grands principes de la « Biologie Totale » et des pseudo-médecines : le malade est toujours responsable du succès ou de l’échec de sa guérison. Pas le thérapeute. Est-ce que la justice belge sera du même avis ?

Pour voir le reportage en direct ou en replay sur le site de la RTBF.

En 2007 Sciences et Avenir dénonce la conférence de Claude Sabbah à la Sorbonne.

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