Pour le meilleur ou pour le pire, ce que pourrait être le monde en 2050

Anonymous - © Malick MBOW
Anonymous – © Malick MBOW

Le monde sera méconnaissable par rapport à ce qu’il est aujourd’hui, tout comme le nôtre l’est comparé aux années 1970 ou 1980.

  • Jim Al-KhaliliProfesseur de physique théorique et titulaire de la chaire Public Engagement in Science à l’Université du Surrey

 

 

Pour le meilleur ou pour le pire, ce que pourrait être le monde en 2050.

Selon la théorie de la relativité d’Einstein, l’avenir est là qui nous attend, comme le passé et le présent, tous sont préexistants et permanents dans un espace-temps statique à quatre dimensions. Notre conscience se limite toutefois à la perception du seul présent. Un présent en perpétuelle évolution, progressant le long de l’axe du temps, avalant l’avenir à mesure qu’il se présente et l’abandonnant aussitôt dans son sillage, une fois devenu passé. Nous sommes bien incapables de percevoir ce qui se trouve devant nous.

En dépit de ce que prétendent médiums et diseuses de bonne aventure, deviner l’avenir nous est tout simplement impossible. D’un point de vue métaphysique, la question de savoir si notre avenir est écrit ou au contraire ouvert, et si notre destin est figé dans un univers déterministe ou façonnable à souhait fait débat au sein de la communauté des scientifiques et des philosophes. Bien sûr, nous avons bien quelques certitudes puisque certains événements sont inéluctables: le Soleil continuera à briller (au moins quelques milliards d’années), la Terre continuera à tourner sur elle-même, tous nous vieillirons, et l’équipe de football dont je suis supporter, Leeds United, me décevra comme toujours à la fin de chaque saison. Mais le futur peut se révéler totalement imprévisible. La civilisation humaine est si riche et diverse que certains événements se produisent alors même que personne ne les imaginait possibles. Et si quelques-uns avaient en effet bien prédit la victoire de Donald Trump en 2016, personne n’a jusqu’à présent été en mesure d’indiquer où et quand aura lieu le prochain désastre, qu’il s’agisse d’un tremblement de terre ou d’un tsunami. Les prédictions quant à la façon dont les progrès de la science et de la technologie affecteront nos vies couvrent un vaste registre depuis le certain jusqu’au totalement hypothétique. Quant à deviner l’avenir, les prévisionnistes les plus fiables et les plus imaginatifs en la matière sont probablement les auteurs de science-fiction. Mais combien d’entre eux, avant 1990, sont parvenus à anticiper un monde dans lequel Internet connecterait nos vies comme c’est le cas aujourd’hui? Trente ans ont passé mais le World Wide Web reste une invention toujours aussi extraordinaire. Alors, comment prépare-t-on à la fin de la deuxième décennie du 21e siècle un livre sur les évolutions scientifiques qui se préparent, qu’elles soient imminentes, prévues d’ici cinq à dix ans, ou si éloignées que vous et moi ne les connaîtrons pas de notre vivant?

Les solutions aux problèmes globaux qui se posent exigeront des décisions tant sur le plan financier, géopolitique et culturel que scientifique. Notre connaissance du monde et la créativité que nous serons en mesure de déployer à partir des nouvelles technologies seront plus essentielles que jamais durant les prochaines décennies. La mise en œuvre de nouvelles technologies issues de l’intelligence artificielle (IA), de la robotique, de la génétique, de la géo-ingénierie ou des nanotechnologies, pour ne citer que quelques-uns des domaines où le progrès va bon train aujourd’hui, devra être mûrement réfléchie et débattue. Nous ne pouvons nous permettre de plonger tête la première dans un avenir aussi incertain sans nous être au préalable interrogés sur les implications tant éthiques que pratiques de nos découvertes et de leurs applications. Par exemple, quant au fait que les robots commencent déjà à remplacer la main d’oeuvre. Ou quant au meilleur moyen de nous protéger du cyberterrorisme. Ou encore, quant à notre mode d’exploitation des ressources naturelles lorsque celui-ci s’accompagne de destruction massive d’habitats naturels et de menaces sur les écosystèmes alors même que la population mondiale croît en nombre et en voracité. Mais je vous dépeins un avenir des plus sombres alors qu’il n’en sera pas nécessairement ainsi. Le savoir scientifique n’est en lui-même ni bon ni mauvais. Ce qui importe est l’usage que nous en ferons.

Je peux vous assurer que dans une décennie ou deux nous aurons des villes administrées par l’intelligence artificielle, des voitures sans chauffeur, de la réalité augmentée, des aliments génétiquement modifiés, des formes nouvelles d’énergie présentant un meilleur rendement, des matériaux intelligents et des myriades d’appareils et de gadgets tous interconnectés et bavardant entre eux. Le monde sera méconnaissable par rapport à ce qu’il est aujourd’hui, tout comme le nôtre l’est comparé aux années 1970 ou 1980.

Une chose est certaine: nos vies continueront à être profondément transformées par les progrès de notre compréhension du monde, et par la façon dont nous mettrons nos connaissances à profit.

« Ce que la science sait du monde de demain » vient de paraître. Jim Al-Khalili y présente sa vision du futur, ainsi que celle de dix-huit confrères scientifiques et experts. Disponible en ligne sur amazon.fr et dans toutes les librairies

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