Quincy Jones se paye les Beatles et Michael Jackson dans une interview féroce

 

Quincy-Jones © Malick MBOW
Quincy-Jones © Malick MBOW

Par Laure Narlian @Nijikid Journaliste, responsable de la rubrique Rock-Electro-Rap de Culturebox

Mis à jour le 07/02/2018

 

 

Les Beatles étaient « les pires musiciens du monde », juge le vénérable producteur Quincy Jones. Dans une interview fleuve accordée au New York Times, il dénonce également le « machiavélisme » de Michael Jackson et décerne les bons et les mauvais points sans réserve.

Quincy Jones, musicien aux 28 Grammys, est un monument de la musique. Arrangeur de Sinatra, Sarah Vaughan ou Tony Benett, compositeur, chef d’orchestre, patron de label, architecte des plus grands albums de Michael Jackson (« Off The Wall », « Thriller », « Bad »), il a aussi signé des dizaines de musiques de films (dont celle de « Kill Bill » de Tarantino). A 84 ans, Quincy Jones semble n’avoir plus rien à perdre et décide de dire tout haut ce qu’il pense.
Michael Jackson ? « Machiavélique »

Michael Jackson and Quincy Jones at the 1984 Grammy Awards.

 Michael Jackson and Quincy Jones at the 1984 Grammy awards. Photograph: William Nation/Sygma via Getty Images

« Je déteste avoir à le dire publiquement mais Michael a volé beaucoup de choses », beaucoup de chansons, déclare-t-il dans ce long entretien au New York Times. Il cite en particulier « State of Independence » (enregistré en 1982 par Donna Summer) pour « Billie Jean » (le riff du premier ressemble au riff du second). « Les notes ne mentent pas », souligne-t-il, ajoutant « il était machiavélique. »

Quincy Jones accuse aussi le Roi de la pop d’avoir été « cupide ». Et de ne pas avoir crédité le musicien Greg Philliganes pour avoir écrit une partie de « Don’t Stop til you get enough ». « Il aurait dû lui donner 10 pour cent du morceau », déplore-t-il.

Concernant l’apparence de Michael Jackson, Quincy Jones raconte qu’il le descendait en flèche régulièrement au sujet de la chirurgie esthétique. La maladie (le vitiligo) avec lequel il se justifiait ? « Des conneries », assène le producteur. « Il avait un problème avec son apparence parce que son père lui avait dit qu’il était affreux. »
Les Beatles ? « Les pires musiciens au monde »

Sa première impression des Beatles (rencontrés alors que McCartney avait 21 ans) ? « Ils étaient les pires musiciens au monde », selon lui. « Paul était le pire bassiste que j’aie jamais entendu. Et Ringo, ne m’en parlez pas. » Il était selon lui si mauvais qu’il se souvient, un jour en studio avec George Martin, d’avoir fait jouer sa partie par le batteur de jazz Ronnie Verrell.

Jimi Hendrix ? Quincy Jones semble le tenir en très haute estime mais souligne néanmoins qu’il s’était « dégonflé » lorsqu’il avait été question de jouer avec Herbie Hancock, Toots Thielemans, Hubert Laws et Roland Kirk. Ces musiciens, les siens à l’époque, « foutaient la trouille » selon lui et « Hendrix ne voulait pas jouer avec eux ». Dans le rock, seul Eric Clapton et son groupe Cream semblent trouver grâce à ses yeux.

U2 ? « Bono est mon frère »

Au sujet du racisme, Quincy Jones rend hommage à Sinatra. Il se souvient comment la star l’avait aidé à ouvrir les portes d’Hollywood qui lui seraient sinon restées fermées dans les années 60.

Et aujourd’hui ? « Quand je vais à Dublin, Bono me fait venir dans son château parce que l’Irlande est tellement raciste. Bono est mon frère », dit-il. Mais à la question de savoir si U2 fait encore de la bonne musique, il se contente de secouer la tête dans une sorte de non silencieux, regrettant « la trop grande pression » pesant sur le groupe.

Votre plus grande innovation musicale ? « Tout ce que j’ai fait », répond Quincy Jones sans ciller. « Je n’ai jamais fait de la musique pour l’argent ou la gloire. Même pas « Thriller » (de Michael Jackson, l’album le plus vendu de tous les temps, qui lui a rapporté une partie non négligeable de sa fortune). Impossible. Dieu quitte la pièce quand on pense à l’argent. Tu peux dépenser un million de dollars pour une partie de piano, ça ne te rapportera pas un million en retour. Ce n’est pas comme ça que ça marche. »

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