L’enfance heureuse de Jean d’Ormesson dans son «ghetto de luxe» à Saint-Fargeau

Jean-dOrmesson © Malick MBOW
Jean-dOrmesson © Malick MBOW

 

  • Publié le 05/12/2017 à 16:31

VIDÉO – L’écrivain entretenait des liens étroits avec le berceau familial de l’Yonne. Décrit dans son roman autobiographique Au Plaisir de Dieu, le château, construit par Louis Le Vau, a été vendu en 1968.

«Étant d’une famille de diplomates, passant d’endroit en endroit, mais Saint-Fargeau a joué un rôle énorme dans ma vie», expliquait Jean d’Ormesson en 1970 au micro de Frantz-André Burguet. «C’est le seul lieu avec lequel j’ai vraiment eu des liens, c’est là que je passais mes étés, mes vacances, et que j’ai commencé à lire, Arsène Lupin, puis Mauriac, puis Hegel ou Sartre», poursuit-il.

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Le château de Saint-Fargeau, dans l’Yonne, a été le berceau familial des d’Ormesson à partir du XVIIIe siècle et jusqu’en 1968. L’écrivain en a tiré, en 1974, son roman autobiographique Au Plaisir de Dieu,adapté pour la télévision trois ans plus tard.

Au Plaisir de Dieu raconte l’histoire des d’Ormesson et, avec elle, celle de ces grandes familles dont le destin est indéfectiblement lié à un château. Saint-Fargeau, d’abord propriété d’Anne-Marie Louise d’Orléans, cousine germaine de Louis XIV, est un exemple de construction classique, largement due à l’architecte Louis Le Vau. La famille Lepeletier l’acquiert en 1713. Louis Michel Lepeletier, conventionnel, vote la mort de Louis XVI et meurt assassiné. C’est sa fille, l’arrière-grand-mère de la mère de Jean d’Ormesson, qui reprendra le flambeau.

 

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«Nous vivions dans une espèce de ghetto de luxe, poursuit l’écrivain. J’étais entouré de personnes estimables qui n’avaient aucune idée de ce qu’était le monde.» Mais après avoir vécu de grandes heures dans cette demeure du Puisaye, les d’Ormesson ont dû céder la place. Face à l’immensité des travaux, ils vendent à une société belge qui le conservera dix ans. La séparation a été difficile. «J’ai été surtout triste du chagrin de ma mère. Pour ma mère, ça a été un coup fatal», affirmait-il en 2016, dans Secrets d’Histoire.

Les Guyot, qui rachètent des demeures anciennes pour les faire revivre, entrent dans les lieux en 1979. Ils ont depuis réussi à créer un spectacle historique qui rencontre un grand succès public. Dans le quotidien L’Yonne républicaine, Michel Guyot explique que Jean d’Ormesson n’a jamais cessé de s’intéresser au sort du château, dont il prenait des nouvelles régulièrement.

«Le village de Saint-Fargeau lui doit une partie de son développement, affirme de son côté Pierre Bordier, ancien sénateur de l’Yonne et maire de la commune de 1983 à 2008. Saint-Fargeau a pris un nouvel essor, notamment touristique.»

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«C’était bien», les meilleures citations de Jean d’Ormesson

 

  • Publié le 05/12/2017
  • DISPARITION – Cela faisait partie de son charme, de sa grande élégance. Le romancier et académicien français qui vient de s’éteindre à l’âge de 92 ans avait un sens aiguisé de la formule. Avec Evene.fr, nous avons sélectionné ses plus belles maximes.

À travers sa quarantaine de livres et ses très nombreuses interviews, Jean d’Ormesson laisse à la postérité des réflexions qui sont autant de maximes ou d’aphorismes dont il avait le secret. À la manière des grands moralistes du XVIIe siècle comme La Bruyère et La Rochefoucauld, il a parsemé son œuvre d’une foule de pensées aussi fines qu’intelligentes. À l’occasion de sa disparition, Le Figaro et Evene.fr vous en proposent une sélection.

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À la vie, à la mort

«J’ai beaucoup ri. J’ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n’est très important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est belle»
C’était bien, éd. Gallimard, 2003

«C’est quand il y a quelque chose au-dessus de la vie que la vie devient belle.»

«Toute mort est un mystère parce que toute vie est un mystère.»
Voyez comme on danse, éd. Robert Laffont, 2001

«Personne ne sait jamais ce qu’on gagne avec une naissance. On n’y gagne que des espérances, des illusions et des rêves. Il faut attendre la mort pour savoir enfin ce qu’on perd.»
Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée, éd. Gallimard, 1981

«J’ai peur de mourir pendant son quinquennat. La pensée que Hollande puisse me rendre hommage me terrifie.»
Sur RTL, au micro d’Yves Calvi, le 26 novembre 2014

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À Dieu

«J’ai aimé Dieu, qui n’est rien aux yeux des hommes qui ne sont rien. Je n’ai détesté ni les hommes ni les femmes. Et j’ai aimé la vie qui est beaucoup moins que rien, mais qui est tout pour nous.»
Comme un chant d’espérance, éd. Héloïse d’Ormesson

«Je trouve que si Dieu n’existe pas, la vie est une farce tellement tragique qu’il faut espérer à tout prix qu’Il existe.»
Dans Le Figaro Magazine, 2 janvier 2015

«Dans une éternité et un infini qui sont fermés à jamais aux êtres dans le temps, Dieu est le nom le plus commode pour le néant et pour le tout.»
Presque rien sur presque tout, éd. Gallimard, 1997

«La science, la morale, l’histoire se passent très bien de Dieu. Ce sont les hommes qui ne s’en passent pas.»
Dieu, sa vie, son œuvre, éd. Gallimard, 1980

«C’est ça qui me fait peur dans le bonheur : l’usure, la lassitude, l’effilochage»

L’Amour est un plaisir

Une autre idée du bonheur

«Je crois que si je passe pour l’écrivain du bonheur, c’est parce que je pense qu’il faut être heureux en dépit de tout le reste.»
Dans Le Figaro Magazine, 2 janvier 2015

«C’est ça qui me fait peur dans le bonheur: l’usure, la lassitude, l’effilochage.»
L’Amour est un plaisir, éd. Pocket, 1991

«Tout le bonheur du monde est dans l’inattendu.»
Dans Libération, le 23 décembre 2000

L’amour

«L’amour qui m’émerveille c’est l’amour cynique ou l’amour triste – je vois dans l’un et dans l’autre ce désespoir subtil qui refuse les bêtises, les servitudes, les hontes d’une satisfaction arrêtée. Je crois que l’avenir de l’amour n’appartient ni aux fats ni aux benêts, mais aux salops et aux fous.»

L’argent

«L’argent tombe sur le monde, comme une vérole sur le pauvre peuple, bien après la pensée, bien après l’émotion, le cri, le rire, la parole, et après l’écriture.»
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit, éd. Robert Laffont, 2013

«On ne brûle pas encore les livres, mais on les étouffe sous le silence. La censure, aujourd’hui, est vomie par tout le monde. Et, en effet, ce ne sont pas les livres d’adversaires, ce ne sont pas les idées séditieuses que l’on condamne au bûcher de l’oubli: ce sont tous les livres et toutes les idées. Et pourquoi les condamne-t-on? Pour la raison la plus simple: parce qu’ils n’attirent pas assez de public, parce qu’ils n’entraînent pas assez de publicité, parce qu’ils ne rapportent pas assez d’argent. La dictature de l’audimat, c’est la dictature de l’argent. C’est l’argent contre la culture.»
Le Figaro, 10 décembre 1992

«Pouah ! Je n’écris pas pour faire joli ni pour défendre quoi que ce soit. J’écris pour y voir un peu plus clair»

Qu’ai-je donc fait ?

La beauté

«La beauté est un mystère en pleine lumière»
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit, éd. Robert Laffont, 2013

L’écriture

«Je n’écris, pour ma part, ni un roman ni des Mémoires. J’essaie de comprendre le peu que j’ai fait et comment tout cela s’est emmanché. Je n’écris pas pour passer le temps ni pour donner des leçons. Je n’écris pas pour faire le malin ni pour ouvrir, comme ils disent, des voies nouvelles à la littérature. Pouah! Je n’écris pas pour faire joli ni pour défendre quoi que ce soit. J’écris pour y voir un peu plus clair et pour ne pas mourir de honte sous les sables de l’oubli.»
Qu’ai-je donc fait?, éd. Robert Laffont, 2008

La sagesse

«Ne cherchez pas à être sage à tout prix. La folie est aussi une sagesse. Et la sagesse, une folie.»
C’était bien, éd. Gallimard, 2003

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