Zimbabwe: quelle transition pour le «Crocodile» Emmerson Mnangagwa?

 

Emmerson Mnangagwa© Malick MBOW
Emmerson Mnangagwa© Malick MBOW

2017 à Harare.
© REUTERS/Mike Hutchings

 

Par RFI Publié le 24-11-2017 Modifié le 24-11-2017 à 02:04

Le nouvel homme fort du Zimbabwe doit officiellement prendre les rênes du pays ce vendredi 24 novembre. Emmerson Mnangagwa doit prêter serment deux jours seulement après être rentré au pays. La cérémonie doit avoir lieu dans la matinée au stade d’Harare. Elle sera observée par tout le pays. Mnangagwa va-t-il être le leader de tous les Zimbabwéens ou celui de la Zanu-PF ?

Un stade de foot de 60 000 personnes pour un événement historique. La passation de pouvoir entre Robert Mugabe et Emmerson Mnangagwa. D’ailleurs, l’ex-président de 93 ans devrait être présent. Il est prévu que Robert Mugabe inspecte la parade militaire et dise au revoir. Une sortie digne pour cet homme dont le règne de 37 ans s’achève.

Quel genre de président Emmerson Mnangagwa, surnommé « le Crocodile » va-t-il être ? Celui du changement, celui de tous les Zimbabwéens ou celui du parti au pouvoir, la Zanu-PF, dans la continuité de son prédécesseur.

Mercredi, lors de son retour dans le pays, Emmerson Mnangagwa appelait à l’unité, mais il a aussi eu des mots durs contre l’opposition. Selon certains analystes, c’était un passage obligé pour donner des garanties au noyau dur du parti présidentiel. Il faudra donc voir comment Emmerson Mnangagwa s’adresse à la nation ce vendredi.

Un gouvernement d’ouverture ?

Une fois investi le nouveau président finira le mandat de Robert Mugabe jusqu’aux prochaines élections prévues d’ici août 2018.

La prochaine étape sera la nomination du cabinet ministériel, la semaine prochaine. Va-t-il conserver les ministres actuels ? Ouvrir son gouvernement à l’opposition ? Selon un porte-parole de la Zanu-PF, le président entrant n’a pas l’intention d’inclure l’opposition dans son cabinet.

Pourtant Morgan Tsvangirai, leader du principal parti d’opposition, a été invité à la cérémonie d’investiture.

S’il n’est pas particulièrement enclin à l’ouverture, ce sera sans doute un préalable pour solliciter des fonds à l’étranger. Connu pour sa poigne de fer et sa passion pour les renseignements, Emmerson Mnangagwa s’avère aussi être plutôt respecté dans les milieux économiques. La situation est catastrophique au Zimbabwe et cette urgence pourrait pousser le nouveau président à quelques concessions, s’il veut se faire respecter au delà de son parti.

« Je n’attends rien de bon »

En tout cas, dans les rues d’Harare, on veut croire au changement, sans pour autant être convaincu.

Emmerson Mnangagwa, compagnon de Robert Mugabe lors de la lutte pour indépendance, aura été de tous les gouvernements : ministre de la Sécurité d’Etat, de la Justice, de la Finance, puis président du Parlement, ministre du Logement et enfin ministre de la Défense.

Pour Olivia 50 ans, employé de maison, Mnangagwa est tout sauf le changement. « Je n’attends rien de bon, rien de bon. Parce que Munangagwa et Mugabe étaient comme des frères. Alors quelle est la différence ? Je ne lui fais même pas confiance. Il me fait peur », confie-t-elle.

Même constat pour Abel, 29 ans. « Je ne lui fais pas confiance, explique-t-il. Mnangagwa a été le bras droit de Mugabe pendant près de 40 ans. Aujourd’hui rien n’a changé. C’est toujours le même parti, les mêmes personnes. Rien ne changera. »

Les supporters de la Zanu-PF, eux, sont un peu plus optimistes. Bona, qui travaille au ministère de l’Agriculture, est convaincue que Mnangagwa va redresser le pays. « Il va certainement faire quelques changements pour améliorer la situation. Sa priorité va être de relancer l’économie, pour que tout le monde ait un travail, que tout le monde soit occupé et ait une meilleure vie », estime-t-elle.

Mais quand on lui parle des violations des droits de l’homme dont est accusé le futur président, elle répond que chacun à ses défauts.

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