Le Qatar accuse les Emirats d’avoir déclenché la crise diplomatique

 

Cheikh-Tamim-ben-Hamad-Al-Thani © Malick MBOW
Cheikh-Tamim-ben-Hamad-Al-Thani © Malick MBOW

par Tom Finn,Reuters

DOHA (Reuters) – Le Qatar a accusé lundi les Emirats arabes unis d’avoir organisé au mois de mai un piratage de son agence de presse nationale, une ingérence qui aurait contribué à déclencher l’actuelle crise diplomatique et commerciale entre Doha et ses voisins du Golfe.

Dans un article citant des responsables du renseignement américain restés anonymes, le Washington Post affirmait dimanche avoir pris connaissance la semaine passée d’informations selon lesquelles des dirigeants émiratis avaient discuté d’un piratage de l’agence QNA le 23 mai.

L’agence de presse a diffusé le lendemain une dépêche dans laquelle l’émir qatari, cheikh Tamim bin Hamad al Thani, faisait l’éloge de l’action du Hamas palestinien dans la bande de Gaza et qualifiait l’Iran de « puissance islamique ».

Les autorités de Doha soutiennent que l’émir n’a jamais prononcé les paroles qui lui ont été attribuées et que la dépêche a été illégalement injectée de manière électronique sur le fil de l’agence.

Des experts du FBI, intervenus pour aider le Qatar à enquêter sur cet incident, ont acquis la certitude que QNA avait été piratée, précisent des responsables américains, mais ils ne sont pas parvenus à déterminer l’origine du piratage.

Les responsables américains cités par le Washington Post admettent ne pas avoir réussi à déterminer si les EAU avaient eux-mêmes piraté le site de QNA ou s’ils avaient payé un intermédiaire pour le faire.

« Les informations publiées par le Washington Post, qui révèlent l’implication des Emirats arabes unis et de hauts responsables émiratis dans le piratage de l’agence de presse du Qatar, prouvent sans équivoque que ce piratage criminel a eu lieu », a commenté le gouvernement qatari dans un communiqué.

Les Emirats arabes unis ont, eux, réfuté les déclarations du gouvernement de Doha et annoncé qu’ils discutaient avec l’Arabie saoudite, l’Egypte et Bahreïn de nouvelles sanctions contre le Qatar.

« MANQUE DE CONSIDÉRATION »

« L’information du Washington Post selon laquelle nous avons piraté les Qataris est elle aussi inexacte », a déclaré Anouar Gargash, ministre émirati des Affaires étrangères, s’exprimant au cercle de réflexion Chatham House à Londres.

Le ministre a promis que « certaines vis allaient être serrées », faisant allusion à de nouvelles mesures restrictives contre le Qatar sans en préciser la teneur.

La décision de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, de l’Egypte et des Emirats arabes unis de prendre ensemble des sanctions contre le Qatar est intervenue le 5 juin, soit deux semaines après la publication de la dépêche controversée.

Les quatre pays faisaient valoir que les déclarations de l’émir Tamim trahissaient la politique ambiguë de son pays qui est, selon eux, de nature à affecter la sécurité et la stabilité dans la région du Golfe.

Depuis, l’Arabie saoudite et ses alliés ont formulé une série de 13 exigences auxquelles doivent se plier les Qataris afin trouver une solution à la crise.

Parmi ces demandes figurent un arrêt du soutien apporté à des organisations islamistes comme les Frères musulmans, interdits en Egypte, la fermeture de la chaîne de télévision en continu Al Djazira, la fermeture d’une base militaire turque au Qatar et une prise de distance avec l’Iran.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry, a indiqué à son homologue du Koweït, pays qui tente de jouer les médiateurs dans ce conflit, que les sanctions seraient maintenues.

Il a expliqué que « l’entêtement et les tergiversations du Qatar » étaient perçus comme « un manque de considération pour les préoccupations des quatre Etats » qui ont adopté des sanctions.

(Avec Omar Fahmy au Caire et Karin Strohecker à Londres, Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

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