Le sculpteur sénégalais Ndary Lo est mort

 

Ndary-LO © Malick MBOW
Ndary-LO © Malick MBOW

L’artiste originaire de Tivaouane est décédé d’un cancer à l’âge de 56 ans. Son œuvre est empreinte d’une foi radieuse en Dieu et en l’humanité.

Par Roxana Azimi (contributrice Le Monde Afrique)

LE MONDE Le 09.06.2017 à 15h24 • Mis à jour le 09.06.2017 à 16h59

 

C’était un homme pieux, qui croyait en Dieu et en l’homme. Le sculpteur sénégalais Ndary Lo s’est éteint, jeudi 8 juin, à Lyon, à l’âge de 56 ans après s’être battu contre un cancer.

Né en 1961 à Tivaouane, Ndary Lo s’est lancé dans l’art comme on entre en religion, avec une foi qui déplace les montagnes. Dans ses premiers travaux, il récupère des ossements, des têtes de poupée et des capsules en plastique multicolores. Avant d’opter presque exclusivement pour le fer à béton. « Il ne récupérait pas par économie, ou parce qu’il ne saurait pas quoi prendre, mais pour donner une nouvelle vie à un objet qui a déjà servi », précise son galeriste parisien Sitor Senghor. Ses premières sculptures, qui représentent des familles de marcheurs élancés et filiformes, ne sont pas sans rappeler les bronzes du sculpteur suisse Alberto Giacometti, dont le célèbre Homme qui marche.

Veilleur vigilant

Un motif apparaît souvent dans son travail : l’arbre, symbole de vie et de lutte contre la désertification. En 2008, il réalise La Muraille verte, dense forêt métallique qui remporte le Grand Prix de la Biennale de Dakar. Les branches de ses arbres se terminent parfois par des mains, allégorie d’une humanité qui doit puiser dans ses racines. Autre constante, les bras ouverts, geste qui évoque à la fois la prière et le remerciement. Un exemple monumental issu de la collection Blachère est actuellement exposé sur le parvis du Palais des papes, en Avignon, dans le cadre de l’exposition « Les éclaireurs ».

Toujours aux aguets malgré la maladie, le sculpteur a supervisé jusqu’au bout un catalogue que prépare la galerie Sitor avec l’association des amis de Ndary Lo. « Il s’enflammait même sur son lit d’hôpital, on pouvait discuter à bâtons rompus sur les textes du catalogue, confie Sitor Senghor. Il était vigilant, veillant à ce qu’il n’y ait pas de malentendu autour de son travail. » L’une de ses dernières œuvres représentait un groupe de marcheurs soudés, signe d’une Afrique en marche, optimiste, résolue, combative. Comme lui.

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