Cannes 2017 : la Palme d’or au film suédois « The Square », de Ruben Östlund

 

Ruben-Östlund © Malick MBOW
Ruben-Östlund © Malick MBOW

Le film français « 120 battements par minute », de Robin Campillo, obtient le Grand Prix et l’Américaine Sofia Coppola celui de la mise en scène.

LE MONDE | 28.05.2017 à 19h55 • Mis à jour le 28.05.2017 à 22h45

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Au terme de dix jours de projections de films en tous genres et de montées des marches sur fond de flashs et de paillettes, le jury, présidé par le cinéaste espagnol Pedro Almodovar, a fait son choix, récompensant le réalisateur suédois Ruben Östlund avec la Palme d’or pour son film The Square. Le palmarès du 70e Festival de Cannes a été dévoilé, dimanche 28 mai au soir, lors d’une cérémonie de clôture présentée par l’actrice italienne Monica Bellucci.

  • La Palme d’or à The Square, du Suédois Ruben Östlund

« C’est un film formidable et une équipe formidable. J’espère que nous pourrons travailler encore ensemble », a déclaré le cinéaste suédois en recevant la récompense suprême des mains de l’actrice Juliette Binoche. Il a fait pousser un cri de bonheur à l’assistance et au parterre de stars présents, selon une tradition suédoise. Le réalisateur de Snow Therapy, récompensé par le prix du jury en 2014 dans la section Un certain regard, était sélectionné pour la première fois en compétition.

Dans son film, Christian (l’acteur danois Claes Bang), conservateur d’un musée d’art contemporain en Suède, prépare une exposition sur la tolérance et la solidarité, mais se heurte à ses propres limites en la matière, lorsque son univers bascule après le vol de son portable et de son portefeuille.

« Ça a été une aventure aussi collective, une histoire qui l’a été tout autant. On est jamais aussi grands, beaux et forts qu’à plusieurs », a déclaré le réalisateur français en recevant son prix pour ce film dédié à l’histoire d’Act Up-Paris. Encore peu connus du grand public, l’acteur d’origine argentine Nahuel Perez Biscayart (vu dans Grand central, de Rebecca Zlotowski) et Arnaud Valois sont impressionnants, aux côtés d’Adèle Haenel, également au casting.

Ni nostalgique, ni documentaire, le film montre un activisme mené bien avant l’ère des réseaux sociaux, mais fait aussi la part belle, dans sa dernière partie, à une bouleversante histoire d’amour entre Sean, malade du sida, et Nathan, qui ne l’est pas. De l’aventure Act Up-Paris, le réalisateur restitue les opérations spectaculaires à coups de jets de poches de faux sang, les débats pour décider des actions à mener, mais il montre aussi le sexe, l’amour, les gay pride et les soirées au son de la house music, qui donne son titre au film.

Collaborateur de longue date du cinéaste Laurent Cantet (Palme d’or en 2008 avec Entre les murs), Robin Campillo s’est entouré de Philippe Mangeot, ancien président d’Act Up-Paris de 1997 à 1999, pour écrire le scénario de son film.

Comme la réalisatrice l’a répété à plusieurs occasions, Les Proies n’est pas un remake du film du même titre, réalisé en 1971 par Don Siegel, avec Clint Eastwood et Geraldine Page, mais une nouvelle adaptation du roman de Thomas Cullinan dont Siegel s’était inspiré, sur les conseils d’Eastwood. On retrouve la même trame, et – en grande partie – les mêmes incidents qui se produisent dans un pensionnat pour jeunes filles sur fond de guerre de Sécession.

Déjà repartie aux Etats-Unis, Sofia Coppola n’était pas présente au Palais des festivals de Cannes lors de la cérémonie de clôture. Elle a néanmoins fait parvenir un message de remerciements lu sur scène par la réalisatrice Maren Ade.

  • Le prix du 70eanniversaire à l’actrice Nicole Kidman

Le jury a remis un prix « du 70e anniversaire du Festival de Cannes », spécialement créé pour l’occasion, à l’actrice américaine, à l’affiche de deux films en compétition, Les Proies (The Beguiled), de l’Américaine Sofia Coppola et Mise à mort du cerf sacré (The Killing of a Sacred Deer), du Grec Yorgos Lanthimos. « Je t’aime, merci beaucoup, et j’espère à très très bientôt », a déclaré l’actrice, déjà repartie de Cannes, par message vidéo, après l’annonce de son prix.

Lire le post de blog :   Quatre fois Nicole Kidman

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« Fatih, mon frère, merci d’avoir cru en moi, de m’avoir permis de faire ce film. Tu me donnes une force que j’ignorais avoir et n’oublierai jamais », a déclaré l’actrice en recevant son prix des mains du réalisateur Paolo Sorrentino et de l’actrice Irène Jacob. Aus dem Nichts (In the Fade) lui a offert son premier grand rôle dans une production allemande, dans sa langue maternelle, avec un cinéaste qu’elle apprécie et qui voulait travailler depuis longtemps avec elle. L’ancienne mannequin y incarne une mère de famille qui se venge après la mort de son mari, d’origine turque, et de son fils dans un attentat commis par des néo-nazis.

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« C’est un prix tout à fait inattendu. Mes chaussures ne sont pas de circonstance, j’ai renvoyé mes souliers vernis », s’est exclamé l’acteur, chaussé de baskets et avec les bretelles tombant de part et d’autre de son pantalon, en venant chercher sa récompense remise par l’actrice Jessica Chastain. Et d’ajouter : « Je reste sans voix ». Dans ce thriller psychologique, l’acteur de 42 ans impressionne en vétéran du Vietnam, traumatisé, mutique et ultra-violent, qui doit exfiltrer une adolescente d’un réseau de prostitution.

 Lire la rencontre :   Joaquin Phoenix, l’aimant américain

« Je voudrais remercier particulièrement un membre du jury, Will Smith. En fait, il existe vraiment ! », a plaisanté le cinéaste, devant la star hollywoodienne, en recevant son prix des mains de la réalisatrice Maren Ade et de l’acteur Guillaume Gallienne. Il avait déjà reçu le prix du scénario pour Léviathan en 2014 et le prix du jury en 2011 dans la section Un certain regard pour Elena. Dans son film, il dresse un portrait âpre d’une société russe brutale et déshumanisée, à travers l’histoire d’un couple moscovite qui se sépare pour refaire sa vie chacun de son côté, mais dont le fils de 12 ans disparaît.

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« Merci au jury pour ce beau cadeau », a réagi le cinéaste grec, qui avait déjà reçu le prix du jury en 2015 pour The Lobster. Son nouveau film au casting hollywoodien (Nicole Kidman et Colin Farrell) s’inspire de la tragédie grecque et a divisé la critique à Cannes.

La réalisatrice britannique Lynne Ramsay s’est dite très émue en recevant sa récompense, devant son acteur Joaquin Phoenix. Son film, le dernier à être présenté en compétition, samedi, est une plongée cauchemardesque dans l’esprit torturé d’un vétéran.

Par ailleurs, la Palme d’or du court-métrage revient au Chinois Qiu Yang pour Une nuit douce (Xiao Cheng Er Yue/A Gentle Night). Une mention spéciale du jury a aussi été attribuée au film Le Plafond (Katto) réalisé par le Finlandais Teppo Airaksinen.

La Caméra d’or, qui récompense un premier film, toutes sections confondues, a été attribuée à Jeune femme, un portrait de trentenaire en crise, de la Française Léonor Serraille, avec l’actrice Lætitia Dosch (un film présenté dans la section Un certain regard).

Le jury, présidé par l’Espagnol Pedro Almodovar, réunissait cette année quatre femmes – l’actrice américaine Jessica Chastain, l’actrice et réalisatrice française Agnès Jaoui, la réalisatrice allemande Maren Ade, l’actrice chinoise Fan Bingbing – et quatre hommes – le compositeur français Gabriel Yared, l’acteur américain Will Smith, le réalisateur italien Paolo Sorrentino, le réalisateur sud-coréen Park Chan-wook.

Pour cette 70e édition, dix-neuf longs-métrages étaient en compétition pour la Palme d’or.

Notre journaliste Thomas Sotinel a suivi cette cérémonie de clôture en direct du Palais des festivals à Cannes :

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