SITUATION DES DROITS DE L’HOMME : Amnesty International file un gros zéro au Sénégal et exige l’abrogation de «l’arrêté Ousmane Ngom»

 

 

Seydi GASSAMA - © Malick MBOW
Seydi GASSAMA – © Malick MBOW

23 février 2017

La section Sénégal d’Amnesty International a présenté, hier, son rapport annuel 2016/2017. L’occasion pour Seydi Gassama, Directeur exécutif local de l’organisation, de filer un gros zéro au Sénégal où, dit-il, aucune avancée n’est notée par rapport à ce qui se faisait les années passées. La liberté d’expression et d’opinion, les multiples décès en détention et des suites d’un recours excessif à la force, l’impunité, la lutte contre le terrorisme et la situation des prisons du pays sont les points qui ont valu au Sénégal sa mauvaise note.

Le Sénégal est donc est un mauvais élève en ce qui concerne le respect des droits de l’homme. Et quoique la démocratie de notre pays soit chantée partout et par tous, le Sénégal a encore beaucoup à apprendre dans le domaine des droits humains. C’est en tout cas ce qu’a révélé Seydi Gassama, Directeur exécutif local d’Amnesty International, hier, lors de la présentation du rapport annuel 2016/2017 de l’Ong. «Pour le Sénégal, aucune avancée n’a été notée par rapport à ce qui se faisait dans le passé. Si on prend par exemple le cas du droit à la manifestation, l’État a interdit plusieurs manifestations pacifiques d’organisations de la société civile et de partis politiques et arrêté des manifestants», dit-il.

Et il donne un exemple : «en octobre dernier, les forces de sécurité ont utilisé du gaz lacrymogène pour disperser une manifestation pacifique organisée par l’opposition. Le préfet de Dakar avait cherché à imposer aux manifestants un autre itinéraire que celui prévu et avait justifié sa décision en invoquant un arrêté de 2011 (l’arrêté Ousmane Ngom) qui interdisait toute manifestation dans le centre-ville de Dakar».

Seydi Gassama cite aussi l’interpellation de nos confrères Alioune Badara Fall, Mamadou Seck (L’Observateur) et Mohamed Guèye (Directeur de publication de Le Quotidien). «Des journalistes ont subi des actes d’intimidation et de harcèlement de la part de l’Etat dans le but de les faire taire, ou de les empêcher de relayer des critiques contre le gouvernement».

Les lanceurs d’alerte sanctionnés sont aussi pour beaucoup dans la note du Sénégal. «Depuis 2012, on a noté que tous les lanceurs d’alerte ont subi des répressions. On l’a vu avec le Colonel Ndao, Ousmane Sonko, Nafi Ngom Keita et ils sont en train de préparer le même traitement au juge Ibrahima Hamidou Dème», a déploré Seydi Gassama, qui rappelle la convocation du journaliste Mamadou Mouth Bane par la Division des investigations criminelles.

CAS YAMADOU SAGNA ET ELIMANE TOURE

Le rapport a aussi fustigé les multiples cas de décès en détention et des suites d’un recours excessif à la force, ainsi que «l’impunité notoire qui règne dans le pays depuis 2012». À ce propos, Seydi Gassama dira qu’au moins six (6) personnes sont mortes en détention en 2016. «Le 14 février 2017, un jeune orpailleur, Yamadou Sagna, a été tué par balle par un douanier à Kobokhoto. Yamadou Sagna ne présentait aucun danger pour les douaniers. Une manifestation de protestation contre sa mort a été sévèrement réprimée par la gendarmerie, qui a tiré des grenades lacrymogènes et incendié une vingtaine de cases et des greniers. Le préjudice causé par l’incendie doit être évalué et les victimes indemnisées. Un homme du nom d’Elimane Touré est mort dans les locaux du commissariat du Port autonome de Dakar le mardi 20 février 2017», a énuméré le directeur exécutif d’Amnesty International qui note que malgré les avancées réalisées dans quatre affaires relatives à des homicides illégaux commis par les forces de sécurité, aucun responsable hiérarchique n’a eu à rendre des comptes pour n’avoir pas empêché des recours excessifs à la force, et personne n’a été traduit en justice pour des dizaines d’autres cas de torture, d’homicides illégaux et de morts en détention survenus depuis 2007.

EXCES DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

S’y ajoutent les difficiles conditions vie dans les prisons sénégalaises, qui, rapporte le rapport, ont été toujours surpeuplées. Pour ce qui concerne les excès notés dans la lutte menée contre le terrorisme, Amnesty estime que les modifications apportées au code de procédure pénale portent atteinte au droit à la liberté, car elles étendent à 12 jours la période pendant laquelle une personne pouvait être détenue avant d’être présentée devant un juge dans les affaires liées au terrorisme.

Sidy Djimby NDAO

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