Résultat de la primaire de la droite: comment Nicolas Sarkozy a provoqué la mobilisation qui l’a fait perdre

sarko-cari © Malick MBOW
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Nicolas Sarkozy © Malick MBOW
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Pariant sur une participation faible et une ligne ultra-droitière, l’ancien président a transformé la primaire en référendum contre son retour.

21/11/2016

REUTERS

PRIMAIRE DE LA DROITE – Lors de sa déclaration de candidature fin août, il avait promis un « blast » qui dévasterait tout sur son passage. Trois mois plus tard, le bâton de dynamite lui a littéralement explosé entre les mains. Au soir de son humiliante défaite de ce dimanche 20 novembre, Nicolas Sarkozy était comme KO debout, sonné par l’ampleur de la sanction infligée par son propre électorat qui l’a éliminé dès le premier tour de la primaire.

« Je respecte et je comprends la volonté des électeurs de choisir pour l’avenir d’autres responsables politiques que moi », a-t-il concédé alors que les derniers résultats ne lui accordaient que 20% des voix contre 28% pour Alain Juppé et surtout plus de 44% pour son ancien « collaborateur » François Fillon.

Devant des sympathisants en pleurs et un entourage effondré, l’ancien président de la République n’a pu que constater l’échec de sa stratégie du bulldozer fondée sur l’omniprésence médiatique et une ligne ultra-droitière ponctuée de provocations identitaires. Stratégie qui a surtout eu pour effet de transformer cette primaire de la droite et du centre en plébiscite anti-Sarkozy.

La « bulle Juppé » qui n’a pas assez dégonflé

Pouvait-il en être autrement? Le retour de Sarkozy dans la vie politique n’aura été qu’une succession de paris perdus. L’ancien président pensait retrouver son siège de patron de l’UMP sans lever le petit doigt? En 2014, Bruno Le Maire avait prouvé que le plébiscite espéré n’avait rien d’une évidence. Son come-back devait remettre la droite au sommet de la hiérarchie électorale? Le raz-de-marée des élections régionales n’a pas eu lieu. Dans ces conditions, difficile d’empêcher l’organisation d’une primaire exigée par ses rivaux. Ne restait plus qu’une victoire haut la main pour offrir à Nicolas Sarkozy la revanche contre François Hollande dont il a toujours rêvé. Une revanche qui n’aura pas lieu.

Car s’il est un autre pari que l’ancien président a perdu, c’est bien celui consistant à miser sur une participation électorale faible pour percer la « bulle Juppé ». Début septembre, Nicolas Sarkozy espérait encore que sa campagne au char d’assaut écraserait la PME du maire de Bordeaux, accusé de « mollesse » et de « naïveté ». Contre toute attente, une fois passé le coup de canon médiatique, Alain Juppé a résisté, obligeant son rival à s’enfermer dans une caricature de lui-même.

Entre ses coups de menton anti-islam suggérant qu’il pourrait interdire le port du voiledans tout espace public, ses promesses de référendum sur tout et n’importe quoi (de l’interdiction du burkini à l’enfermement des fichés S), son apologie de la France des Gaulois et sa promesse d’imposer une double-ration de frites aux enfants qui ne mangent pas de porc, l’ancien retraité de la vie politique n’a fait qu’abîmer son image de présidentiable, rappelant au coeur de son électorat, déjà désappointé par son quinquennat, qu’il n’avait pas changé.

Par son obsession identitaire, Nicolas Sarkozy a surtout incité une part considérable de l’électorat se revendiquant de gauche (entre 14 et 15% des votants de la primaire, selon les instituts de sondage) à se mobiliser pour lui barrer la route. A l’inverse, l’électorat du Front national s’est beaucoup moins déplacé, visiblement peu convaincu par la conversion trumpiste de l’ancien chantre de la « laïcité ouverte ». Verdict: une participation massive et majoritairement hostile à l’ancien président.

L’obsession anti-Bayrou qui a révélé Fillon

Faute de pouvoir déboulonner la statue Juppé, Nicolas Sarkozy a commis une seconde erreur fatidique. Pensant avoir trouvé la martingale, l’ancien président a opté dans sa seconde moitié de campagne pour une tactique visant à pilonner l’alliance « contre-nature » entre le maire de Bordeaux et le « traître » François Bayrou, celui qui avait voté pour Hollande en 2012.

Alain Juppé, le Hollande de droite? Le tir d’artillerie a si bien fonctionné que l’ancien premier ministre a vu sa cote plonger… au profit du seul François Fillon. Face à un Juppé décidément trop à gauche, le coeur de l’électorat de droite a lui aussi participé au référendum anti-Sarkozy et s’est choisi un candidat à son image. Fillon, celui-là même que Nicolas Sarkozy n’a jamais considéré comme un rival à sa hauteur, mais dont l’allure bon chic bon genre, la vie de famille irréprochable et le programme à la fois ultra-libéral et ultra-conservateur ont fait des ravages à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine mais aussi dans ces Alpes-Maritimes tant choyées par l’ancien président.

« Cogner contre Bayrou lui aura finalement été fatal en faisant remonter Fillon », reconnait, amer, un de ses soutiens. A 62 ans, Nicolas Sarkozy s’apprête à entamer une seconde retraite. Bien méritée.

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