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Gérard Depardieu revient sur sa conversion à l’islam

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Gérard DEPARDIEU © Malick MBOW

PAR MARC FOURNY

Publié le 18/11/2016 à 14:20 | Le Point.fr

Dans les années 1970, l’acteur est devenu musulman, pendant deux ans. Il lève un peu le voile sur cette conversion temporaire dans « Le Parisien »

Ce grand fauve est d’abord un vrai pudique dont on connaît finalement peu les convictions intimes, comme celles qui touchent à la foi. La quête spirituelle, Gérard Depardieu la connaît depuis son adolescence, elle irrigue sa vie, ses lectures et finit parfois par déborder dans la sphère publique quand il affiche ses passions – on le verra ainsi lire les Confessions de saint Augustin dans des églises ou des lieux culturels, pour transmettre des textes qu’il juge formidablement poétiques. Petit-fils d’une guérisseuse berrichonne, éduqué dans la foi catholique – même s’il s’est fait virer du catéchisme pour indiscipline –, Depardieu s’est également un temps converti à l’islam.

« C’était difficile, les cinq prières quotidiennes… »

« J’ai été musulman deux ans dans les années 1970, confie la star dans les colonnes du Parisien , à l’occasion de la sortie de Tour de France, un film sur la différence, les préjugés et la fraternité. C’était difficile, les cinq prières quotidiennes de l’islam, l’interdiction de manger du porc, ce qui n’est, entre nous, pas fondamental. » Comment a-t-il épousé cette foi ? « Ma jeunesse, répond-il. La philosophie. La lecture du Chant du monde, de Jean Giono, de la Bible, des romans de science-fiction, de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament, du Coran, du Talmud… »

Les différences, les préjugés, il connaît, notamment après une jeunesse passée à Châteauroux, à faire les quatre cents coups, tout près de son quartier de l’Omelon. « J’ai grandi dans une cité proche de celle où vivaient des Algériens avec des jeunes qui revenaient de la guerre d’Algérie et qui avaient été traumatisés par des ordres de leurs supérieurs, se souvient Depardieu. Je prévenais les Algériens quand il allait y avoir une ratonnade. » Le français, il va vraiment l’apprendre à Paris, auprès de monsieur Souami, un Algérien paralysé qui lui fait réciter du Corneille à la virgule près. Autant de rencontres et d’influences qui vont nourrir sa quête.

Touché à l’âme par Oum Kalsoum

Le déclic s’est surtout produit lors d’un concert d’Oum Kalsoum, une vraie révélation, comme l’acteur l’a raconté dans son autobiographie Innocent, sortie en 2015. Un soir, il se rend à un récital de celle que l’on surnommait « l’astre d’Orient », communiant avec le public sur des mélodies et des textes évoquant l’amour, la paix et la religion. Touché au cœur et à l’âme, il se convertit, prépare ses prières, fait ses ablutions, lit le Coran, fréquente la Grande Mosquée de Paris. Puis il passera ensuite à l’étude du bouddhisme et de l’hindouisme, poursuivant son chemin spirituel.

À quoi croit aujourd’hui Depardieu ? Quand on l’interroge, il se dit en perpétuelle recherche, puisant sa spiritualité dans sa vie de tous les jours, ses rencontres, ses lectures ou encore des œuvres d’art, décelant partout « le tourment des âmes », comme il l’avait confié au magazine Pèlerin. Pour lui, la foi reste une chance, presque une grâce. Mais sûrement pas une arme. « Le vrai danger, ce n’est pas la foi, ça n’a jamais été la foi, expliquait-il en 2015 dans une interview à L’Express .  Le vrai danger, c’est quand l’homme se met à interpréter les textes sacrés dans le seul but, pas forcément conscient, de se mettre à la place de Dieu. »

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