Les conseils de Mimi Touré à l’ancienne présidente de l’OFNAC : «Nafi Ngom Keïta doit savoir partir avec élégance»

Aminata TOURE - © Malick MBOW
Aminata TOURE – © Malick MBOW

L’OBSERVATEUR

L’OBS – L’aller de son voyage aux Etats-Unis a été mouvementé. Le retour au Sénégal plus discret. Mais sitôt revenue, l’ancien Premier ministre, Mimi Touré reprend du service. Apparemment, elle piaffait de s’exprimer sur les sujets de l’heure : Abdoul Mbaye, Nafi Ngom Keïta, Ousmane Sonko… elle a répondu du tac au tac à des questions envoyées par courriel. Comme à son habitude…

 

Comment appréciez-vous les accusations de Abdoul Mbaye expliquant que l’Etat fomente un complot contre sa personne, parce qu’il critique le Président Macky ?

Qu’est-ce que l’Etat, l’Alliance pour la république (Apr) encore moins Macky Sall ont à voir dans une histoire de divorce et de falsification de registre d’état civil ?

Il estime que c’est une affaire privée et que le pénal n’a rien à faire dans cette histoire ?

Ah oui ?  Falsifier un registre d’état civil, c’est une affaire privée ? Il y a actuellement des officiers d’état civil et même des maires qui sont emprisonnés pour de tels faits. Je vous renvoie au Code pénal, c’est un délit grave sévèrement sanctionné par la loi.

Il accuse les tenants du pouvoir de vouloir le rendre inéligible, profitant de sa double nationalité ?

Cette affaire n’a rien de politique. Les politiciens sont des justiciables, comme tous les autres citoyens. Sinon que chaque Sénégalais aille créer son parti politique pour ne pas répondre à la justice. Encore une fois, il s’agit d’une affaire de droit commun, de falsification de registre d’état civil.

Est-ce normal de sanctionner un fonctionnaire, parce qu’il a révélé des cas de fraude, ne fallait-il pas plutôt le féliciter ?

Dans tous les pays du monde, les fonctionnaires ont un certain devoir de réserve, il faut lire la loi régissant le statut des fonctionnaires. Il y a des voies administratives consacrées pour que le fonctionnaire exprime ses réserves et même formule des griefs, s’il en a. Si tous les fonctionnaires se mettaient à s’exprimer publiquement comme ils veulent et dans les termes irrespectueux que nous avons entendus, on n’est plus dans un Etat organisé, mais en pleine anarchie ! Ça, ce n’est pas possible pour un pays qui se respecte. Maintenant, la liberté d’opinion est un droit constitutionnel, s’il a des révélations à faire, qu’il les fasse, en apportant surtout les preuves de ses allégations, car on n’a rien à cacher. Tout a commencé avec les impôts supposés détournés de l’Assemblée nationale, alors que la réalité était bien loin de cela, comme l’a explicité clairement le ministre des Finances, face aux députés. De 2 milliards FCfa d’impôts supposés non reversés, on est passé à une vingtaine de millions FCfa depuis lors épongés. Jusqu’à présent, ce sont des insinuations et des déclarations politiques intempestives plus qu’autre chose.

Trouvez-vous justes les conditions de remplacement de Nafi Ngom Keïta, alors que son contrat n’est pas arrivé à terme ? 

Nous saluons les efforts de Nafi Ngom Keïta et lui souhaitons bonne continuation dans ses fonctions futures. Je pense qu’il faut savoir partir avec élégance. C’est le président de la République qui nomme aux fonctions civiles et militaires. Le décret de Mme Ngom Keïta étant arrivé à expiration, le président de la République a mis fin à ses fonctions et a nommé une magistrate réputée compétente à qui on souhaite plein succès dans ses nouvelles fonctions. Je rappelle que l’Ofnac (l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption) a été librement créé par le Président Macky Sall, il en a défini les attributions et les missions. S’il ne croyait pas à la reddition des comptes, il lui aurait suffi de garder le statu quo avec l’ancienne Commission de lutte contre la concussion et la corruption qui était un tigre en papier. Il faut quand même rendre à César ce qui appartient à César, encourager et soutenir le Président Macky Sall dans cette tâche universellement ardue de lutte contre la corruption.

«Nous n’avons aucune leçon d’éthique à recevoir de qui que ce soit»

N’est-ce pas trop pour l’Etat, d’allumer plusieurs feux à la fois : affaire Sonko, Nafi Ngom Keïta, affaire Abdoul Mbaye ?

C’est vous qui y voyez des feux, je ne vois moi, rien qui sorte de l’ordinaire d’un pays qui fonctionne normalement. Abdoul Mbaye, c’est une affaire de droit commun traitée par la justice qui est indépendante. Encore une fois, l’Etat, l’Apr ou le Président ne sont en rien concernés. Le reste, ça s’appelle « gouverner », c’est ce que le président Macky Sall fait. Et puis, vous savez, ce sont des épiphénomènes, même si nos ego respectifs sont grands, ils ne sont certainement pas à la taille du Sénégal. Ce n’est pas ce qui intéresse fondamentalement les millions de Sénégalais. L’accueil chaleureuxRÉSERVÉ RÉCEMMENT au Président Macky Sall par les populations de la banlieue est un signe qui ne trompe pas. Il y a quatre ans, en cette période d’hivernage, la banlieue était sous les eaux. Les populations savent reconnaître la bonne graine de l’ivraie, elles l’ont prouvé, il y a 4 mois, lors du référendum, avec 63% de Oui au Président Sall. C’est ça la réalité et il faut travailler encore et encore pour davantage mériter la confiance des populations. Le reste, c’est le bruissement d’une démocratie qui fonctionne. Une démocratie sans bruit, ça n’existe pas.

 

Mody Niang a récemment déclaré que Macky a trahi tous ses engagements, cela ne remet-il pas en cause la formule consacrée du Président : la patrie avant le parti ?

Nous n’avons aucune leçon d’éthique à recevoir de qui que ce soit. Depuis l’arrivée au pouvoir du Président Macky Sall, ce qui s’est fait, en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, ne s’est jamais fait dans ce pays, aucun Président, aucun régime n’est allé aussi loin que lui et nous de son parti, l’Apr, le soutenons et l’encourageons dans la voie qu’il s’est tracée.

M.T.GAYE

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