Solar Impulse 2, une promotion en demi-teinte pour l’énergie solaire

 

Andre BORSCHBERG - © Malick MBOW
Andre BORSCHBERG – © Malick MBOW

Par Victor Garcia, publié le 26/07/2016 à 15:34 , mis à jour à 20:44

afp.com/Handout

Si Solar Impulse 2, qui vient de boucler son tour du monde, met en lumière les progrès considérables réalisés ces dernières années dans l’énergie solaire, il révèle aussi les limites de cette ressource renouvelable.

Tôt ce mardi matin, Solar Impulse 2 a (enfin) bouclé son tour du monde. Il s’est posé à l’aéroport Al-Batten d’Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, d’où il était parti le 9 mars 2015. Il a parcouru un peu plus de 43 000 km à uneVITESSE MOYENNE d’environ 80 km/h. Le tout sans utiliser une seule goutte de carburant, grâce à l’énergie solaire captée par 17 000 cellules photovoltaïques installées sur ses ailes.

La fin de cette épopée, au succès communicationnel indéniable, a permis de mettre en lumière les progrès considérables réalisés dans le domaine de l’énergie solaire. Mais a-t-elle permis, ou va-t-elle permettre, de révolutionner l’utilisation de l’énergie solaire? Pas si sûr.

Solar Impulse 2 a réussi quoi qu’il arrive à rassembler « la crème des modules commerciaux, avec la plus grande puissance possible sur une surface réduite », estime Cédric Philibert, spécialiste des énergies renouvelables à l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cité par La Tribune de Genève.

« L’avion propre » a en effetPARTICIPÉ et profité du lancement d’une nouvelle génération de panneaux solaires, qui sont devenus beaucoup plus légers ces dernières années, passant de 10 kg le mètre carré à 100 g à peine. Surtout, ils sont devenus souples, suffisamment pour les poser sur des supports divers, comme des ailes d’avion, rappelle France 2.

Les drones du futur

Le fabricant de panneaux solaires américain Sunpower a par exemple mis au point, dans le cadre du projet Solar Impusle 2, des cellules photovoltaïques au rendement plus important que la moyenne. L’entreprise de chimie belge Solvay a de son côté développé des batteries qui stockent plus d’énergie tout en étant plus légères, mais aussi un matériau composite qui allège plusieurs parties de l’avion.

Attirés par les projecteurs, les géants du Web comme Google ou Facebook, ont indiqué être intéressés par la création de drones sur le même modèle que Solar Impulse pour, un jour, remplacer les satellites. Selon André Borschberg, l’un des deux pilotes compatriote suisse, le drone solaire aurait de nombreux avantages. « Il pourra être amélioré tous les six mois en modernisant ses équipements et pourra changer d’endroit selon les besoins. Il remplira le même type de mission que les satellites pour l’observation, la mesure et les télécommunications ».

Une nouvelle ère?

Mais Solar Impusle 2 a-t-il vraiment « prouvé que les technologies propres peuvent réaliser l’impossible », comme le claironne sonCOMPTE Twitter officiel?

Pas si sûr. Car si Bertrand Piccard aBIEN réalisé son rêve, tout n’est pas rose. L’épopée a notamment duré plus d’un an et quatre mois alors qu’elle était prévue pour durer seulement cinq mois. La faute à de nombreux problèmes techniques et à un avion fortementdépendant de conditions météorologiques favorables.

Même l’opération de communication n’aura pas été totalement sans faute. Car Solar Impulse porte aussi le message d’une énergie solaire luxueuse -le coût total du projet est de plus de 155 millions d’euros- et finalement peu performante -immense surface de cellules photovoltaïques pourVOLER seulement à 80km/h et avec un seul passager.

« Un message paradoxal »

L’Airbus A320 ou le Boeing 777 solaire capable de transporter des centaines de passagers n’est clairement pas pour demain. Avant cela, il faudra que la technologie, notamment des batteries, évolue encore beaucoup. D’ailleurs, selon Airbus, il faudrait 20 mégawatts de puissance électrique, soit l’équivalent des besoins d’une ville de 120 000 habitants, pour faire décoller un avion de type A 320… Le plus petit avion de la gamme, note Le Figaro.

 

« Solar Impulse apporte un message paradoxal, abonde Suren Erkman, professeur d’écologie industrielle à l’Université de Lausanne,interrogé par Le Temps. L’impact environnemental total du projet est loin d’être négligeable, notamment si l’on tientCOMPTE des innombrables vols en avion et en hélicoptère sur une quinzaine d’années qu’a impliqué le projet ».

Continuerde « rêver »

Ce qui n’empêche pas Bertrand Piccard d’appeler à « rêver », tout en avançant sonNOUVEAU projet: la création d’un comité international des technologies propres pour « conseiller les gouvernements » et « lutter contre le changement climatique ».

Si l’énergie solaire représente actuellement moins de 1% du bouquet énergétique mondial, largement dominé par le pétrole, le charbon et le gaz, l’AIE prévoit que les capacités solaires doubleront d’ici 2020. Aujourd’hui, dans les pays situés autour de l’équateur, le solaire est devenu la solution la moins chère pour produire duCOURANT et elle est rentable sans subvention, pointe encore Le Figaro.

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